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Commentaire de wesson

sur Lettre ouverte aux présidents Obama et Poutine, au Congrès américain et à la Douma russe pour une proposition de sortie de crise en Syrie


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wesson wesson 10 février 2016 03:28

@Hamed
Il se trouve que j’ai suffisamment roulé ma bosse en Afrique du Nord pour savoir un peu ce qu’il s’y passe, et y avoir un regard propre qui n’as rien à voir avec celui des médias, que je conspue ici à longueur de commentaires. J’ai été longuement en Syrie et au Niger, deux pays dans lesquels nous ne pouvons plus remettre les pieds aujourd’hui. Quel admirable succès.


Pour en revenir à la Syrie, il se trouve que j’ai suivi la situation depuis bien avant que les Russes ne s’y impliquent. ça a commencé en 2011, dans un schémas pratiquement identique à celui de l’Ukraine : 
* Une manifestation pacifique se fait réprimer par la police
* comme par magie, des mecs armés parmi les manifestants ripostent et blessent des policiers
* la police réprime d’autant plus, en utilisant une force excessive.
* Obama rentre dans la danse, demande la démission d’Assad et soutient les manifestants
* Ceux ci n’ayant pas réussi pacifiquement prennent les armes et se mettent à attaquer le gouvernement et l’armée Syrienne. 
* n’ayant pas réussi non plus par les armes, ils se mettent à appeler Al Qaeda à la rescousse. 

Je passe le reste, avec tout le pathos qui s’en dégage. En tout état de cause, le plan est tout à fait classique des stratégie Américaines pour renverser les gouvernements : doper une opposition minoritaire pour fomenter des troubles et prendre le pouvoir. C’est du classique CIA.

une chose encore : les câbles de Wikileaks ont bien montré que dès 2006 les USA pensaient à renverser Assad, ce qui fait que ça ne sortait pas de nulle part cette affaire. 

Mais je diverge, et je suis trop long. Pour moi, l’importance de cette « opposition modérée » non djihadiste est très largement surévaluée en Syrie. Je me rappelle d’ailleurs du flop intégral lorsqu’ils avaient tentés d’organiser une « grande journée de mobilisation » anti-Assad, ou ça se résumait à quelques dizaines de personnes tout au plus. Ce sont des gens qui sont très minoritaires, mais qui veulent arriver au pouvoir sans processus électoral, et cela au nom de la démocratie bien entendu. Si vous ne voyez pas la contradiction, moi elle me parait évidente.

Le reste étant quand même beaucoup de personnes qui sont pas des Syriens mais plutôt des ex de l’armée Irakienne démobilisés par les Américains, et qui ont trouvé là une excellente solde et une bonne fourniture en matériel de la part de leurs soutient divers et variés. Bref, rien d’une opposition mais tout d’une armée de supplétifs en déshérence. 

Les Russes là dedans ? Ils agissent à minima et surtout en envoyer de troupe au sol, car c’est en fait le Hezbollah qui y pourvoit.

Lors des 2 conflits en Tchétchénie, les Russes se sont heurtés à une résistance farouche des combattants, qui se sont mélangés entièrement à la population locale (disons à celle qui avait voulu rester). Ils ont été entraînés dans une guérilla, un conflit asymétrique pour lequel ils n’étaient pas préparés. Ils en ont beaucoup souffert, et ne l’ont finalement emporté que en rasant littéralement les villes dans lesquels les fondamentalistes s’était claquemurés. Cf les photos de Grozny littéralement détruite.

Pour en revenir au cas Syrien, ce n’est pas leurs hommes qui vont livrer cette guerre asymétrique, mais le Hezbollah, qui est pratiquement l’inventeur de cette forme de guérilla urbaine et péri-urbaine. 

Et effectivement, une alliance de cet ordre : troupe au sol spécialisée dans la guérilla couverte par une aviation qui a coupé tout ravitaillement, c’est une combinaison gagnante.

Comme en Tchétchénie, les Russes avant de donner l’assaut offrent à la population une possibilité de fuir les combats avant l’attaque. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé à Homs, et aussi à Alep. Une partie s’en va, l’autre décide de rester, ça s’appelle une guerre. Invoquer le régime Syrien qui affame sa population, c’est oublier que la fameuse opposition des décapiteurs modérés n’en as pas fait moins sur des localités Chiites. Invoquer les bombardements aveugles d’Assad - comme si c’était lui en personne qui pousse les barils d’explosifs - c’est oublier le quartier de Jobar littéralement transformé en gruyère dans les trou duquel nos modérés tirent des roquettes en quotidienne sur la population de Damas. Dès lors que ces personnes amènent cet armement rudimentaire au beau milieu des habitations, c’est effectivement prendre le risque de se recevoir une réplique que bien évidemment on dénoncera comme un « bombardement aveugle d’une population civile ».

Et une dernière chose : Selon Kerry lui-même, ce n’est pas le gouvernement Syrien qui a claqué la porte des pourparler des paix, mais bel et bien l’opposition qui reste sur la ligne « Assad doit partir », et qui en fait demande pratiquement aux USA de les équiper en matériel antiaérien pour dégommer l’aviation Russe. 

Dans ce contexte là, les considérations émotionnelles sur le conflit Syrien ne m’impressionnent guère. Et les convois humanitaires turcs, même dans notre presse il faut mettre beaucoup de guillemets pour ecrire ça.

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