Voilà un bel article qui mélange tout !
Essayons donc de remettre un peu d’ordre sur cette affaire,
que j’ai suivi de près pour les ministères de l’écologie et de l’agriculture :
1. L’étude Séralini
Soyons clairs, scientifiquement parlant, cette étude ne démontre
aucune toxicité particulière de l’alimentation des rats utilisés. Plusieurs
raisons à cela, la plus importante étant l’utilisation d’une race de rats chez
laquelle les tumeurs se forment spontanément lors du vieillissement. L’analyse
statistique de l’occurrence de tumeurs entre la lignée soumise à une
alimentation OGM et la lignée soumise à une alimentation « normale » ne permet
pas, au seuil de 95 % de certitude, de dire qu’une différence est observable.
En lien avec qui précède pour détecter une éventuelle différence il aurait
fallu que l’expérience ait porté sur un échantillon beaucoup plus important en
dimension que celui utilisé dans l’étude.
Pour avoir suivi de
près plusieurs des travaux publiés par l’équipe de Seralini, je me dois de
constater que ceux-ci pêchent souvent au niveau des analyses statistiques des
données. En complément, pour ceux qui s’affolent des photos présentées, eh bien
que l’article incriminé ne les ait pas montrées, les rats nourris avec de
l’alimentation non OGM présentent exactement les mêmes tumeurs.
2. La condamnation
La condamnation du journal Marianne ne porte pas sur
l’analyse qu’il fait de l’étude mais sur le fait que que celui-ci repris les
allégations de Henri Miller. qui accusaient le professeur Gilles Eric Séralini
de « fraude scientifique » produisant des " résultats établis
d’avance ". Or la fraude signifierait que les résultats ont été faussés
sciemment, ou qui ne correspondent pas à des réalité expérimentale. En l’espèce
ne sommes donc pas sur un cas de fraude scientifique, mais d’erreur
scientifique.
On peut, et on doit, bien sur se poser la question du
pourquoi de cette erreur. La première à mon avis est que comme je l’ai indiqué
plus haut l’équipe présente quelques faiblesses en termes d’analyse statistique
des données. La deuxième, plus grave à mon sens, est que Gilles Eric Séralini est un militant avant d’être un scientifique. Il a à mon avis été « aveuglé
» par les résultats qu’il a obtenus et qui semblait abonder en son sens en
regard de la « soi-disant dangerosité » des OGM.
3. La manipulation
Cet article d’agoravox est donc quelque part une
manipulation, qui vise à faire croire au travers d’une condamnation d’un
journal sur la base du seul terme de fraude (qui est effectivement totalement inapproprié), que les résultats de l’étude qui conclurait à risque
accru de développer des tumeurs en lien avec une alimentation OGM sont valides. Aujourd’hui, aucune étude ne démontre ce point. Il est vrai que sur ce dossier nous n’en sommes pas à une manipulation près !