Ma conception de l’honneur :
"Maudite
soit la poésie conçue comme un luxe culturel pour les neutres" disait le poète Gabriel Célaya. J’ai
toujours refusé de séparer ma poésie des autres formes de ma résistance à la
barbarie.
Le 7 janvier de l’année 2015, l’équipe de
Charlie Hebdo était massacrée par deux musulmans fanatisés. Deux jours plus
tard, un autre fanatique massacrait des clients d’un magasin casher. Le 11, des
millions de français manifestaient en clamant « Je suis Charlie ». A leur tête il y avait le Président de la
République entouré de nombreux représentants de pays étrangers, dont celui de l’Arabie Saoudite, qui
voulait dire avec tous les autres "son attachement à la liberté
d’expression". C’est durant ces mêmes jours de janvier que, dans cette
même Arabie Saoudite, Raïf Badawi recevait ses premiers coups de fouet pour avoir
osé s’exprimer librement sur Internet.
C’est durant ces mêmes jours, aussi, que
j’ai rédigé ce poème, par la suite largement diffusé.
je suis RAÏF BADAWI
Je suis ASIA BIBI
je suis HAMZA
KASHGARI
je suis les
millions d’autres
fouettés pendus
lapidés égorgés
depuis 14 siècles
au nom du Dieu Allah
je suis celui qui
dans chacune de ses plaies
reçoit le coup
plus douloureux que tous les autres
le coup qu’apportent
ici les ondes le coup qui vient de l’Élysée
le coup de la
propre et correcte barbarie qui va m’achever
sous les
applaudissements là-bas des foules fanatisées
par ces versets
mensongers de leurs gouvernants :
ça n’a absolument rien à voir avec l’islam
qui n’est que paix amour et tolérance.
Pierre Régnier,
janvier 2015