Bonjour
Que vous souffriez, ne vous donne par contre pas le droit de juger la souffrance des autres. « J’ai plus souffert que mes amies mortes jeunes de cancer, c’est incroyable, mais il faut le dire. »..On peut juger de la richesse d’une personne, en partant de son compte en banque et de ses biens, mais la souffrance des autres est une terre inconnue, excepté quand elle est si manifeste et paroxystique, qu’elle nous laisse nous mêmes anéantie...Pour ceux qui sont humains, car certains ne ressentiront rien, et en dégageront même un certain plaisir pervers...Ces gens là, même s’ils sont à plaindre, nous devons nous en défendre nous en protéger !
Parfois l’envie vient de nous délocaliser, bien loin des îles caïmans...Et puis l’heure du thé arrive !..Nous sommes sauvé...« Chat perché ! »..Les méchants ne pourront rien contre nous.
La fortune, la beauté et la jeunesse ne garantissent en rien le bonheur et l’équilibre. Lisez « Mars », de Zorn. De pauvres gens à l’heure actuelle sont tétanisés à l’idée que leur nom va se trouver sur un des « Panama papers »....Avez vous pensé à eux ?...Il faut sortir de vous ! ...L’art du funambule : Un fin mouvement de balancier pour se maintenir sur le fil, malgré le vent, et le rire des pingouins qui rient de nos pauvres voiles, qui voudraient nous voir partir pour les étoiles.
.Comment ne pas dire des choses banales, face aux choses les plus importantes, dont nous resteront toujours sur la grève, à tenter de conjurer les dangers que nous présentons.
« J’en ai tant vu qui s’en allaient, qui ne demandaient que si peu, ils avaient si peu de colère... ».
La vie a plus d’un tour et d’un détour dans son sac, et même dans les mouroirs j’ai vu de la vie, comme partout, des octogénaires jaloux les uns des autres, faire des crocs en jambes avec leurs cannes anglaises à ceux qui pouvaient marcher, plaire, des délirants fantasmant une beauté perdue, se regardant dans des miroirs avec des yeux de Chimène.
L’amour et la vie ne sont jamais si manifestes et aigus que dans les endroits où on les a condamnés, où on les attend le moins ; et c’est la grande revanche des exclus, des gueules cassées et des blessés, que d’avoir en eux des raz de marée d’émotion, et des tsunamis qui emportent parfois la cohérence des gens dits normaux, les laissant médusé, cul à l’envers sur le sable.
J’ai vu des Alice de Lewis Carroll et des Ophélie tomber du ciel et bénir les autres fous d’un simple geste, d’un regard triomphant qui n’avait de valeur que pour eux.
J’ai vu une femme sortir de sa dépression et de son alcoolisme le jour où elle est réalisé que son mari l’avait enterré : Il avait dressé le lit mortuaire dans la chambre conjugale, avec quatre catafalques. Ce genre de chose vous remet les choses en place, et vous voyez mort comme jamais, comme jamais aucun thérapeute n’a pu vous faire entrevoir votre dynamique !
Je ne me suis que très difficilement relevé de la mort de certains, et surtout d’un jeune homme qui était né le jour du bicentenaire de la révolution Française. Il n’avait pas 18 ans. Je lui avait fait lire Pinocchio, et appris les échecs, mais cela n’a pas suffi...La mauvaise fée a été plus maline que moi. Je reste en deuil de tant d’autres que j’aurais voulu retenir ! Je leur avais pourtant dit d’attendre au moins d’être au sommet de la côte, qu’il leur fallait pousser sur les pédales encore un moment, pour jouir de la vue là haut.
Je travaillais dans le soin, pour ceux qui ne le sauraient pas. Ce qui signifient que ces gens ne faisaient pas partie de ma famille, et que normalement je n’aurais pas du être si affecté.
Déjà, adolescent, je me souviens que j’avais été bouleversé, les larmes aux yeux en lisant du Gide, Je crois que c’était dans les nourritures terrestres. Le héros traverse un pont à Florence, et voit une jeune fille qui s’apprête à sauter d’un pont. Il l’a rattrape d’une main, mais elle l’implore d’un tel regard, qu’il ouvre la main, et la laisse tomber dans les eaux du fleuve.
« Merde je pensais. Pourquoi ne l’a t’il pas remontée ? »
Je n’ai pas changé d’avis.