Poil à gratter : journal confusionniste et nationaliste.
Posted on 29/04/2014 par bordeaux bordel dans Confusionnisme, Extrême-droite, Local // 4 commentaires
Ce billet fera double-usage. Montrer à partir d’un exemple local comment les confusionnistes essaient et parviennent parfois – et trop souvent – à s’immiscer et à diffuser des idées de droite parmi les indécis politiques et chez certains militants de gauche.
Voilà plusieurs mois que je gardais un œil sur un projet de journal susceptible d’être distribué sur Bordeaux et la région, du fait qu’il citait le Cercle des Volontaires comme inspiration. Le projet est arrivé à terme et deux numéros sont sortis.
Poil à gratter – puisque tel est son nom, ne riez pas – se présente comme indépendant, autant financièrement que politiquement, c’est à dire « ni de droite ni de gauche », une étiquette qui, nous allons le voir, n’a pour seul but que de créer le trouble pour diffuser des idées réactionnaires.
Si vous voyez une connaissance lire un de ces numéros, informez-le qu’il lit un journal de droite. Ou alors abonnez-le directement à Valeurs Actuelles...Si vous voyez une connaissance lire un de ces numéros, informez-la qu’elle lit un journal de droite.
Ou alors abonnez-la directement à Valeurs Actuelles…
MÉTAPOLITIQUE ET CONFUSIONNISME.
Ce positionnement « ni de droite, ni de gauche » nous vient de la Nouvelle Droite et plus particulièrement du GRECE, groupe de « réflexion » de l’extrême-droite créé à la fin des années 60 par plusieurs militants de la tendance nationale-européenne, afin de diffuser leurs idées par la métapolitique, à savoir selon Alain de Benoist le domaine « des valeurs qui ne relèvent pas du politique, du moins au sens habituel du terme, mais qui le sous-tendent » avec pour but de « contester l’hégémonie marxiste dans les domaines de l’art, de la philosophie, des sciences, de l’histoire, de l’économie, du droit ».
Mais si Poil à Gratter n’a pas ce positionnement nationaliste-européen du GRECE – il s’affirme même clairement contre l’Union Européenne – ni même l’ambition qu’avait de Benoist d’infiltrer les élites du pouvoir, la façon de faire, de se situer au-delà du clivage gauche-droite est la même. Nier ce clivage revient à dire que les idées des deux camps sont les mêmes ; le terrain est alors idéalement confus pour avancer des idées d’extrême-droite, jusqu’à les faire intégrer par des gens dits de gauche.
Et un mot donc sur ce qu’est le confusionnisme : il s’agit simplement d’appuyer des idées dites de gauche à l’aide de raisonnements émis par des personnes de droite, voire d’extrême-droite. Comme par exemple s’opposer au mondialisme et au libéralisme via les discours de Soral ou Meyssan ; remplacer la lutte contre les nationalismes en n’en montrant qu’un : celui de l’Etat d’Israël et glisser l’air de rien de l’anti-nationalisme vers l’anti-sionisme et, à terme, vers l’anti-sémitisme ; donner comme seule solution contre l’Union Européenne le repli national (pour ne pas dire nationaliste) ; etc.
LES CRÉATEURS : UPÉRIENS, CHOUARDIENS, SORALIENS, DIEUDONNISTES…
L’initiateur de ce projet, penseur-gourou du journal, se nomme Sylvain Baron. Cet ancien de l’UPR – qu’il ne cesse de critiquer tout en relayant très régulièrement les textes, vidéos et rendez-vous locaux de ce petit parti politique – se présente en grand défenseur de la liberté d’expression et se targue, à l’instar du plus fameux et non moins fumeux Etienne Chouard, de « parler avec tout le monde ». Volonté louable au premier abord, mais en pratique Baron, comme Chouard, se retrouve surtout et le plus souvent à discuter avec la droite, l’extrême-droite, les mouvements nationalistes-souverainistes, conspirationnistes et bien sûr, confusionnistes. Du « côté gauche », on ne retrouve comme interlocuteurs que les rouges-bruns du PRCF et le M’Pep dont le porte-parole (et ancien président d’ATTAC…) Jacques Nikonoff avait appelé à voter Dupont-Aignan aux législatives de 2012. DLR, UPR, et donc M’Pep : même combat !… Baron est surtout très proche de Jonathan Moadab, créateur du Cercle des Volontaires, et d’Erick Mary, ancien cadre (viré) de l’UPR qui a depuis monté la structure quenello-patriote FFI 2.0 (sic !).
Sylvain Baron perpétue cette étrange tradition en vogue chez « la dissidence » : la photo de salle de bains.
Pour l’épauler, Baron a recruté un jeune étudiant en école de commerce, Ugo Ledoux qui, s’il traîne comme son comparse son clavier du côté du Cercle de Volontaires, affiche également un fort penchant pour Egalité & Réconciliation et Soral. Ledoux aime aussi à relayer régulièrement des vidéos de Dieudonné. Son profil Facebook révèle également un grand intérêt pour les « penseurs » pas nets et les médias dits de « ré-information », c’est à dire relayant essentiellement des rumeurs et/ou des infos tronquées provenant de sites complotistes et réactionnaires.
Dieudonné semble être le maître à penser du troisième larron de l’équipe, un autre étudiant, Jérémy Domercq qui s’affiche Dieudonniste dans tous les coins de son profil Facebook.
LE CONTENU.
Poil à Gratter se présente comme une « agora du peuple » (mais quel peuple ? La classe des exploités ? Celle des bourgeois, fussent-ils petits ?) et porte haut l’étendard de la liberté d’expression. En gros, ses pages sont ouvertes à toute personne qui le souhaite. Un peu le pendant papier du Cercle des Volontaires et de son entité vidéo Agence Info Libre, à savoir un truc qui présente bien, très citoyenniste, qui se gargarise de liberté d’expression et de démocratie et qui peut donc attirer autant les indécis que les gauchos altermondialistes. D’où cette volonté d’essayer de « piéger » et d’intégrer sur leurs sites ou dans leurs pages des personnes sincèrement de gauche ou libertaires qui leur permettraient de légitimer leur positionnement et d’élargir leur audience par la même occasion.
Chez Poil à Gratter, comme chez Chouard, Asselineau, le Cercle des Volontaires et tous leurs suiveurs, la solution à tous les problèmes du monde, pardon… la solution à tous les problèmes de la France est simple : la souveraineté nationale. La sortie de l’Europe et le retour au franc vont tout résoudre : chômage, écologie, immigration (c’est pas moi qui parle là, hein…), pouvoir d’achat, etc. Ce qui doit bien faire marrer ceux qui, comme moi, ont bien connu la France d’avant l’UE… Et au final toutes ces organisations et tous ces personnages qui discutent avec tout le monde, ne côtoient, à gauche, que des mouvements tout aussi confusionnistes et en accord avec eux sur cette idée de repli national comme le PRCF ou le M’Pep cités plus haut. Pour le reste, c’est à droite toute !