@tashrin

Oui, je sais que c’est encore plus difficile pour la génération actuelle (nous continuons à aider notre plus jeune fils en lui payant son loyer) que pour les enfants du baby boom. J’appartiens à la génération de mai 68, à ceux dans cette génération qui ont cru en la possibilité d’un autre monde possible et qui n’a pas su y faire (monnayer sa matière grise, comme d’autres, Daniel Cohn-Bendit, par exemple). Il n’y a pas que des gens qui ont réussi parmi la génération 68. J’en connais qui se sont suicidés.

J’ai passé et obtenu le CAPES et obtenu une maîtrise de philo et j’ai enseigné pendant plus de trente ans, y compris en ZEP, avec pour résultat une retraite de 1300 eus (tout est relatif, pour certains, c’est beaucoup, je sais). Mais je n’ai pas pu (ou plutôt pas su) rentrer dans le système (bancaire, politico-médiatique, etc.), comme d’autres, dans ma propre famille.

Mais je pense que je n’ai qu’à m’en prendre qu’à moi-même et comme dit l’Evangile : « On ne peut pas servir deux maitres à la fois, l’Esprit et l’argent. » Ou comme le dit avec son esprit habituel Chesterton : « Si on est assez intelligent pour devenir millliardaire, il faut aussi être suffisamment bête pour le vouloir. »

Je suis comme beaucoup de gens, je trouve que la France va très mal, je suis indigné par certains abus (parachutes dorés, paradis fiscaux...) Mais je me refuse à une analyse binaire (manichéenne) de la situation.

Je pense qu’il faut des banquiers et des chefs d’Entreprises et des gens qui ne me ressemblent pas, mais qu’il faut aussi des intellectuels et des professeurs correctement payés et considérés, ce qui est de moins en moins le cas.

Ce qu’il me fait peur actuellement, c’est le spectre de la guerre civile, si vous voulez le savoir (et je ne suis pas le seul). Et ça ne me console pas de penser que dans la mesure de mes petits moyens, j’aurais essayé de tout faire pour éviter le pire. « L’histoire est une succession de catastrophes. » (Walter Benjamin)