• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de grognon59

sur Loup, une mise au point indispensable


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

grognon59 (---.---.173.225) 22 avril 2016 11:16

@Debrief

Étrange de lire cela en 2016. En 1906, on comprendrait encore.

Tout comme certains « écolofanatiques », vous humanisez le loup, lors que c’est un animal. Un animal intelligent et vivant dans une société hiérarchisée (la meute), mais un animal. A ce titre, le loup n’est pas plus cruel ou sanguinaire que le chat qui « joue » avec une souris ou que le dauphin qui mange un thon.
Son rôle dans la nature SAUVAGE (et non la nature « humanisée ») est de limiter le nombre d’herbivores et de forcer les troupeaux (sauvages) à se déplacer. A ce titre, il est à la faune européenne ce que le lion est à l’Afrique et le tigre à l’Asie.
Votre accusation des loups « dévorants vivants leurs proies » me rappelle les lycaons qui ont été massacrés en masse par les éleveurs en Afrique pour cette raison (en fait pour les mêmes motifs que le loup en Europe)
Vers 1900, on comptait plus de 500000 lycaons en Afrique, sans que cela soit préjudiciable à la faune sauvage. Il en reste aujourd’hui moins de 3000 et tous les grands mammifères africains, carnivores ou non, sont plus ou moins menacés d’extinction.
Par ailleurs, quand un carnassier attaque, toutes ses attaques ne sont pas un succès. En fait, la majorité échoue. Et si un animal est blessé, il est généralement rattrapé et achevé plus loin.
Si vous aviez été faire un tour sous Wikipedia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Canis_lupus#R.C3.A9gime_alimentaire), vous trouveriez le passage suivant dans la rubrique « alimentation » : « Le loup peut attaquer les troupeaux de moutons13. Si le reste du troupeau ne fuit pas, le loup va continuer à chasser, c’est ce qu’on appelle le « surplus killing » ou « over-killing »14. Un loup peut alors tuer plusieurs bêtes sans les manger. »
Ce mécanisme existe chez d’autres carnassiers (notamment le requin ou la belette dans un poulailler). Il s’explique par le fait que le troupeau ne fuyant pas (au moins sur quelque centaines de mètres) ou restant enfermé dans un enclos, la vue du passage répété de proies potentielles devant ses yeux provoque chez le carnassier un état « d’ivresse » qui le pousse à attaquer quasi mécaniquement tout ce qui passe (comme moutons ou veaux) devant ses yeux. Mais ce n’est pas une règle générale, tant chez le requin que chez le loup.
Autre chose, aux USA (où jamais une attaque sur l’homme n’a été répertorié), le loup a été systématiquement exterminé par les colons européens. Ses effectifs sont passé de 400000 animaux environ vers 1700 à moins d’un millier en 1970 quand fut prise la décision de le protéger. Ce qui m’amène à vous raconter une histoire restée dans les annales de la zoologie.
Vers 1900, les chasseurs et éleveurs décidèrent d’exterminer par le fusil et le poison tous les prédateurs de la région du plateau de Kaibab (limite Arizona/Nevada) : ours, loups, pumas, lynx, coyote. En effet, ces carnassiers s’attaquaient aux animaux domestiques et mangeaient le gibier des chasseurs. Cela fut rondement mené en une dizaine d’années...
Les premiers temps, tout alla bien... et même très bien... Les chasseurs étaient heureux : les daims et les cerfs étaient de plus en plus nombreux et de plus en plus gros, et il n’y avait plus d’attaques sur les troupeaux... Cool non ?
Mais plus tard, le surpâturage produisit ses effets : daims et cerfs furent décimés par la famine et des épizooties et les troupeaux ne trouvèrent presque plus d’herbes et de plantes pour pâturer. On tenta par des biais divers de rétablir la situation, sans parvenir à des résultats concluants.... et on fut en dernière solution obligé de réintroduire des lynx, des coyotes et des loups (pour l’ours, alias « grizzly du Mexique », il était trop tard, les derniers avaient été exterminé vers 1950 au Mexique). Un équilibre fut restauré, un parc national établi et les troupeaux domestiques revinrent dans la zone au prix de mesures de protection et d’acceptation d’un « taux de pertes ».
Dans la nature, rien n’est inutile... supprimer un rameau de l’arbre l’affaibli et le met en danger. Et nous sommes en haut de l’arbre... Réfléchissez-y, lisez sur le sujet et soyez objectif.
Animal maudit et démoniaque pour les européens, le loup est vu de façon très positive dans d’autres cultures (Amérique du Nord, Sibérie, l’ancienne Scandinavie, Rome...). Demandez-vous pourquoi...


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès