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Commentaire de Orchidoclastophobe

sur Danone, forum des Halles : à quand l'obligation du français pour la publicité ?


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Orchidoclastophobe (---.---.204.85) 24 avril 2016 07:10

La publicité est déjà fort envahissante, voire exaspérante sur les chaînes de télévision, dans la rue, sur Internet, un peu partout et tous supports, c’est un fait. Mais l’invasion des anglicismes pour augmenter les mérites de tel ou tel produit est véritablement insupportable. Ceci est d’autant plus grave lorsqu’il s’agit de marques typiquement françaises (cf le ridicule « France is in the air » d’air France), les exemples drôlatiques ne manquent pas, hélas. J’ose espérer que cette tendance ne se justifie que pour faire « in », « branché », et je souhaite bientôt « branchouille », « has been », que tout ceci deviendra ringard un jour. Les publicitaires aussi créatifs qu’ils puissent être, comprendront peut-être que l’exaspération de consommateurs potentiels face à l’américanisation de leurs réclames aura un effet contraire à leur première intention qui est de vendre ! L’Anglais est certes très pratique , pour échanger des idées avec des personnes dont on ne connaît pas la langue natale et ce dans tous les pays où il y a des distributeurs de boissons gazeuses. L’anglais serait même préférable dans des domaines spécifiques tels que l’informatique ou la recherche, pour des raisons de concision et d’uniformisation de termes d’ordre techniques ; je suis par exemple très satisfait de pouvoir lire des notices de produits technologiques fabriqués en Orient sans avoir à étudier le Mandarin. Les petits chinois obtiennent en outre un taux extrêmement élevé d’alphabétisation que la France peut réellement envier. Mais on nous explique ici ou là que si les petits Français ont du mal avec l’écriture c’est à cause du fait que la langue de Molière serait obscure, trop compliquée, tellement élitiste... Diantre ! La langue de Rabelais était certes fort différente du Français actuel, lequel est voué à évoluer comme toute langue vivante. N’oublions pas que de nombreux mots ont été empruntés à des langues multiples au cours de l’histoire, par exemple plus de cinq cent mots arabes à peine francisés, des mots italiens, espagnols, certaines marques déposées sont devenus des noms communs, et caetera. Les autres langues ont emprunté aussi beaucoup au Français. Les Américains raffolent par ailleurs de l’emploi de petites phrases en Français, quand ils ne le maîtrisent pas carrément. Je ne parlerai pas de l’argot si imagé, ou de la beauté de la langue dont on s’éprend formidablement au travers de la littérature, mé merde y’a kon meme lortograffe la congugéson ai la sintax a respecté et ossi la ponctuassion. Je dis ceci pour ceux qui pensent que l’ortographe est la science des ânes et autres trolls haineux des cavernes qui fuient ce pays misérable indigne de leur gandeur d’esprit, cf le drôle d’oiseau qui ose dans ce fil de commentaires, en contradiction avec ses propos, se nantir d’un avatar coiffé du bonnet phrygien : NON, le franglais n’a rien de prolétaire (wesh ma gueule) ; il est même suremployé par les « happy people » arrivistes qui n’appartiennent pas trop à la classe ouvrière, mais plutôt à une certaine classe aisée (ahh le luxe) qui s’organise un « brunch » ou autre « after dinner » lors d’une « swimming pool party » dans un « loft » hors de prix sur la côte, avec « dress code » chic pour messieurs « hipster » tellement « trendy » et un « make up » très « sexy » pour mesdames. Et le prolo voudrait rêver, en agissant par mimétisme et se croire moins ringard en affirmant que la langue française est désuette ; qu’user de l’anglais des puissants inconsistants que les medias érigent en modèles de réussite est tellement mieux dans sa condition d’être nombriliste égocentrique. Je m’indigne du fait que la France s’efface sous le joug des médias qui imposent (j’espère par inconscience, innocence ou panurgisme) une universalité de moeurs, de musique, de mal bouffe, l’usage de la langue anglaise de plus en plus systématique, tout cela venant d’outre Atlantique, au détriment d’une identité historique, nationale, en bref la république dont la langue est un liant tangible, un précieux outil d’émancipation, la condition nécessaire à la liberté d’expression. Il s’agit de conserver la singularité du français, d’en perpétuer l’usage, comme le font nos cousins québecquois avec tant de verve. Cette tâche nous incombe je l’espère avec moins de difficultés que pour la sauvegarde du breton, de l’occitan ou du patois limousin. Sans esprit identitaire incongru, ce problème n’étant pas uniquement remarquable en France, doit-on imaginer que la mondialisation devrait être calquée sur un modèle unique de société ? Est-ce enviable de vivre à terme dans un monde de clônes qui revendiqueraient leur singularité en faisant comme tout le monde en tout point ? Et pour finir, comme il me plaît de citer les grands auteur, le groupe allemand Rammstein chantait avec un sens aigu de l’analyse et non sans ironie :« we’re all living in America, Amerika ist wunderbach... »


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