Arsène Lupin high-tech Ce sont des escrocs d’un nouveau type, des Arsène Lupin high-tech et fins connaisseurs de la finance qui sèment la terreur au sein du CAC 40. Comme des créateurs de start-up, ils sont à l’affût des nouveaux marchés pour repérer les failles dans la législation et le contrôle. On les a vus multiplier les fraudes à la carte bancaire en créant un réseau international de faussaires. Ils ont bluffé les policiers par leur capacité à utiliser la fonction de la « sécurité sociale des indépendants » (le régime RSI), piégeant des dizaines de milliers de chefs d’entreprise à qui ils ont adressé de faux appels à cotisations. Ces escrocs se sont lancés à une vitesse éclair dans les nouvelles arnaques à la TVA. Et là, ils ont trouvé le Graal : le marché du carbone, sur lequel les entreprises s’échangent des droits à polluer. De mémoire de magistrat, jamais une escroquerie aussi juteuse n’avait été montée avec autant de facilité. « Certains escrocs ont gagné plusieurs dizaines de millions d’euros en quelques semaines », confie un juge du pôle financier parisien, en charge de ces dossiers. La technique : acheter des quotas de CO2 hors taxe dans un pays européen et les revendre avec TVA en France, taxe qu’ils conservent avant de disparaître dans la nature. « En quelques clics, ils achetaient de l’air et revendaient de l’air avec un gros bénéfice », déplore Jean-Marc Souvira. « Le CO2, c’était la Lady Gaga dans les affaires », avait lancé Fabrice Sakoun, l’un des rares fraudeurs à avoir été condamnés. Une affaire qui a coûté 1,6 milliard d’euros à l’Etat, « la fraude fiscale la plus importante jamais enregistrée en France en un temps aussi bref », selon la Cour des comptes. De véritables ingénieurs. Pour arriver à leurs fins, ces aigrefins ont recours à des méthodes très pointues. Dans l’arnaque aux faux virements, ils commencent par mener une enquête fouillée sur leurs cibles. « Pendant un mois, une équipe se renseigne sur la société et ses filiales à l’étranger, témoigne Bernard Petit, sous-directeur à la lutte contre la criminalité organisée, l’un des pontes de la police. Elle collecte les PV d’assemblées générales et de conseils d’administration, et s’imprègne de la culture maison en étudiant les messages des dirigeants aux salariés ou les newsletters internes aux directeurs. » Les filous vont même jusqu’à enquêter sur la vie privée des cadres de l’entreprise. « Grâce aux réseaux sociaux, Facebook ou Twitter, ils peuvent savoir le prénom des enfants ou la date d’anniversaire de la secrétaire », relève Michèle Bruno, chef de la brigade de répression de la délinquance astucieuse. Leur technique est aussi très élaborée pour empêcher la police de les retrouver. D’abord, ils achètent leur « matériel » (par exemple, les informations d’Infogreffe sur les entreprises) avec des cartes de paiement prépayées, totalement anonymes puisqu’elles peuvent être rechargées en liquide sans être associées à un compte bancaire. « C’est un vrai problème, car la police ne peut retrouver la trace des paiements des malfaiteurs », regrette Jean-Marc Souvira. Ensuite, les larrons lancent leurs attaques téléphoniques de l’étranger - en particulier d’Israël, où opèrent beaucoup de spécialistes de cette arnaque -, tout en donnant l’illusion d’être en France. Pour cela, ils ont recours à des « plateformes de dématérialisation », qui permettent d’acquérir des numéros de téléphone ayant l’indicatif du pays visé. « Si l’entreprise cible est en France, les numéros de téléphone et de fax achetés commenceront par l’indicatif français, afin de mettre en confiance l’interlocuteur qui recevra l’appel », détaille une note de l’OCRGDF. Vient ensuite la phase d’attaque téléphonique, confiée à une autre équipe. Elle révèle un pouvoir de persuasion hors pair, comme le montrent les enregistrements de la police, que Challenges a pu écouter : « C’est votre président. [ ...] Vous devez faire partir ce virement exceptionnel dès aujourd’hui. Vous recevrez les documents demain. Je compte sur vous, c’est très important », lance l’escroc à la comptable d’une filiale d’un grand groupe. « Mais, monsieur, j’ai besoin de documents pour un tel montant », répond la salariée. « Je vous dis que c’est un virement exceptionnel, vous comprenez ou quoi ? Vous pouvez le faire », s’énerve l’escroc, qui échouera, la comptable ayant alerté sa hiérarchie. « Ils exercent une pression psychologique énorme en invoquant l’urgence de la situation, ou en menaçant souvent de virer la personne », rapporte la commissaire Michèle Bruno. Parmi ces as de la mise en scène, le champion, c’est Gilbert Chikli, qui aurait escroqué une quarantaine de banques françaises ces dernières années en se faisant passer pour un agent secret. Réfugié en Israël après avoir été mis en examen en 2008 pour « escroquerie à la lutte antiterroriste » par la juge parisienne Sylvie Gagnard, Gilbert Chikli a réalisé l’un de ses coups les plus spectaculaires avec La Poste. Se faisant passer pour Jean-Paul Bailly, le président du groupe, il a appelé la directrice d’une agence postale. « Vous allez recevoir un appel d’un agent de la DGSE [les services de renseignements] », lui a-t-il dit. Quelques minutes plus tard, l’agent secret téléphone à la directrice, l’avertit qu’un dangereux terroriste faisant partie de ses clients va bientôt retirer de l’argent. Et il ordonne à la patronne de l’agence de lui apporter tous les billets en caisse pour qu’il leur appose une puce électronique... Un (mauvais) scénario à la James Bond qui a réussi ! La directrice a remis 350.000 euros dans une mallette, qu’elle a glissée sous la porte des toilettes d’une brasserie parisienne ! Après la découverte de l’arnaque, elle a été licenciée et serait tombée en dépression. « Cet escroc ne réalise pas les dégâts humains que ses agissements ont provoqués », déplore Sylvie Noachovitch, l’avocate de la malheureuse cadre de La Poste. Car, pour Gilbert Chikli, ce n’est pas une escroquerie, c’est un jeu. « Je joue une scène qui apporte une certaine jouissance, une certaine adrénaline », déclarait-il en 2010 à France 2 qui avait retrouvé sa trace. Israël comme base arrière C’est la nouvelle Jewish connection. Dans les années 1970, les frères Zemmour, ces pieds-noirs venus d’Algérie dont l’histoire a été portée à l’écran dans Le Grand Pardon, un film d’Alexandre Arcady, étaient devenus les caïds du trafic de drogue et du proxénétisme à Paris. Aujourd’hui, ces spécialistes excellent dans les arnaques financières, opérant entre Paris, Hong-kong et Tel-Aviv. Une note de la Direction centrale de la police judiciaire détaille que « trois pays apparaissent régulièrement dans ces escroqueries : Israël où des groupes criminels se sont spécialisés, la France comme pays où sont ciblées les entreprises, la Chine comme lieu de destination première des virements, avant réorientation vers Israël ». En septembre, trois Franco-Israéliens spécialisés dans les faux virements ont été arrêtés à Lyon et à Cannes, dans un palace, en pleine partie de poker. Mais ils sont nombreux à avoir échappé à la justice française en se réfugiant en Israël, entre Tel-Aviv et la station balnéaire de Netanya, très appréciée des Français. L’un d’eux, Alex K, aurait même fait venir le groupe américain Black Eyed Peas dans sa somptueuse villa pour fêter son premier milliard de « tève » (l’arnaque à la TVA), selon l’enquête de Jérôme Pierrat, auteur de Mafias, gangs et cartels. La criminalité internationale en France (Folio, 2011). Dans ce business, les Franco-Israéliens ont des alliés, en particulier les mafias chinoises. « Leurs associés chinois leur versent du cash à Paris en échange des faux virements envoyés dans des banques en Chine », explique le policier Bernard Petit. Et en matière d’escroquerie, les criminels chinois sont aussi des pros, notamment dans les fraudes aux cartes bancaires. Ils ont créé de nombreux ateliers clandestins de fabrication de fausses cartes, dont plusieurs ont été démantelés en région parisienne ces derniers mois. Surtout, ils organisent en France la venue d’équipes de « mules chinoises », selon l’expression des policiers, des acheteurs munis de ces fausses cartes qui raflent les produits de grandes marques. « Ils réalisent des raids d’achats fulgurants dans les magasins de luxe parisiens, puis ils renvoient la marchandise en Chine », avance Patrick Yvars, le chef de la brigade des fraudes aux moyens de paiement. Criminels israéliens, mafias chinoises, mais aussi caïds français. La rentabilité record de ces nouvelles escroqueries a attiré également les barons du milieu parisien. « Auparavant, il y avait une séparation entre les délinquants financiers en col blanc et le grand banditisme classique, souligne Bernard Petit. Désormais, il y a une hybridation. Les équipes sont intégrées. »
Conséquence : les différends peuvent se régler à l’arme de poing. Quatre meurtres liés à ces escroqueries ne sont toujours pas élucidés. En janvier 2009, Serge Lepage, une figure du milieu, a été abattu devant chez lui, dans l’Essonne, après sa sortie de prison. Le 30 avril 2010, c’est au tour d’Amar Azzoug, un ancien braqueur reconverti dans les arnaques financières, d’être exécuté, à Saint-Mandé (Val-de-Marne). Le 14 septembre, Samy Souied, surnommé « le caïd des hippodromes », pour avoir trempé dans une affaire de blanchiment dans le monde des courses, a été abattu Porte Maillot, à Paris. Il était soupçonné d’être l’un des cerveaux parisiens de l’arnaque à la taxe carbone. Enfin, le 25 octobre dernier, Claude Dray, 76 ans, un homme d’affaires possédant des hôtels de luxe à Saint-Tropez, à Jérusalem et Miami, a été retrouvé mort dans son hôtel particulier de 1.000 mètres carrés, villa de Madrid à Neuilly, trois balles de 7,65 dans le cou. Sans aucune trace d’effraction ni de vol. Ce riche collectionneur avait des contacts avec des artisans de l’arnaque au CO2. Tellement lucrative que le partage des profils
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21/06 00:05 - Deva
@MILLA Quest en til de la suite des suspect ? Prison ou liberee ?? Merci de (...)
28/04 19:24 - Milla
Les étranges liaisons de la milice parallèle du Front National Dixit : Entre le Front National (...)
27/04 21:23 - smilodon
27/04 21:22 - smilodon
27/04 17:41 - blablablietblabla
Milla encore une mal-baisé ou pas baisé du tout. Tout vient de la sexualité , y a qu’a (...)
27/04 12:07 - Milla
@foufouille Tu me demandes de regarder les médias israéliens ? Morderire
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