Trafic en hausse pour la drogue en ligne En 2013, le FBI mettait fin aux activités de Silk Road, une place de marché illégale installée à l’abri des moteurs de recherche, sur un réseau Internet parallèle et anonyme. Qualifié « d’eBay de la drogue » par les médias, le site est rapidement devenu la première plateforme de narcotrafic en ligne. Réduire le phénomène de la drogue sur le web à Silk Road serait trop simple : derrière l’opération de police largement relayée se cachent des problématiques souvent occultées. Confrontées à des usagers devenus presque invisibles, les associations tentent d’adapter leurs actions de prévention.
31.03.2016 par Louis Adam 16 min (Illustration CC BY Surian Soosay) (Illustration CC BY Surian Soosay) #DROITDESUITE Économies PARTAGER
Internet a fait irruption sur le marché de la drogue. C’est le constat dressé par l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT) dans son rapport 2015. Outre l’essor de nouveaux produits de synthèse, le texte s’attarde sur des sites de commerce en ligne dans la droite lignée de Silk Road : trafiquants et consommateurs y échangent des substances illégales, sous couvert d’anonymat.
Difficile d’y échapper avec 40% de la population mondiale connectée au réseau des réseaux. Ainsi en 2013, l’OEDT répertoriait pas moins de 651 sites vendant des substances psychoactives en Europe, tandis que la fermeture de Silk Road par les autorités américaines à la même époque ouvrait la voie à ses héritiers. Le volume global des ventes réalisées par ces plateformes illégales n’est, depuis 2010, pas descendu en dessous de 100 millions de dollars par an.
Le détonateur Silk Road Loin des sentiers balisés par Google, Internet abrite un réseau parallèle dans lequel gravitent un certain nombre de sites et d’entreprises. L’un de ces chemins de traverse les plus connus s’appelle Tor, un système d’anonymisation des échanges. Ce réseau souterrain permet également d’héberger des sites web, dans le plus grand anonymat, loin des moteurs de recherche traditionnels, mais aussi des forces de police.
Cet Internet bis a une facette peu reluisante : depuis sa naissance en 2001, Tor est principalement connu comme un repaire pour des activités illégales, des ventes de fichiers pédophiles aux marchands d’armes en passant par le deal. C’est sur ce lieu virtuel, à l’abri des regards, que Silk Road a trouvé refuge en 2011. Spécialisé dans la vente de drogue, le site est rapidement devenu incontournable. Durant sa courte existence, il a connu une croissance exceptionnelle et laissé un héritage marquant. Parti de rien en 2011, le site comptait, selon le FBI, 147 000 acheteurs et près de 4 000 vendeurs au moment de sa fermeture en 2013.
En délocalisant en ligne la vente de drogues, Silk Road a changé la donne. Il générait pas moins de 1,3 million de dollars par mois de revenus en 2011 et 2012, et une commission mensuelle approchant 95 000 dollars arrivait dans les poches de ses administrateurs.
Les médias découvrent rapidement la plateforme, fondée par l’américain Ross Ulbricht, et la comparent à un « eBay de la drogue ». L’interface et les fonctionnalités rappellent celles des grands sites de vente en ligne tels qu’Amazon. Nicolas Christin, chercheur français à l’université de Carnegie Mellon (États-Unis), a analysé son fonctionnement : « La nouveauté principale se trouve dans l’intégration de la plupart des fonctions commerciales : système de critiques, processus de paiement en ligne anonyme, messagerie, une offre très largement supérieure en termes de diversité comparée à ce qui se faisait auparavant… ». Le seul service que ne proposait pas la plateforme ? « Le transport, confié la plupart du temps aux services postaux », poursuit-il.
Le succès grandissant de Silk Road a entraîné une mobilisation des autorités américaine et une action du FBI. (Illustration CC BY Surian Soosay) Le succès grandissant de Silk Road a entraîné une mobilisation des autorités américaine et une action du FBI. (Illustration CC BY Surian Soosay) Mais en 2011, accéder à Silk Road via Tor pouvait paraître exotique. Paul (le prénom a été changé), un ancien acheteur sur le site, se souvient de la façon dont il a accédé à ce supermarché illégal : « J’ai entendu parler de Silk Road à l’époque où je traînais sur des salons de discussions dédiés aux drogues. C’était encore très confidentiel. J’ai mis du temps pour que quelqu’un me partage l’adresse et m’explique le fonctionnement de Tor. » Alors que Paul écume les communautés dédiées aux psychédéliques depuis 2008, il en vient à vouloir tester d’autres substances. « J’avais déjà essayé la mescaline et les champignons hallucinogènes et je voulais mettre la main sur du LSD, ce qui est très difficile en France. Via Tor c’était largement disponible ! », raconte le jeune homme. C’est sur Silk Road qu’il finit par faire son marché.
Pour éviter les arnaques, ces sites mettent en place un système dit « d’escrow » : l’argent de l’échange est conservé par le site jusqu’à ce que l’acheteur reçoive son colis et valide la transaction. La place de marché a également développé un système de recommandations des utilisateurs afin d’évaluer le sérieux des offres. Ceux qui ont déjà acheté publient un avis sur chaque vendeur et sur le produit reçu, le tout visible sur la page du vendeur. Un procédé qui n’est pas révolutionnaire, rappelant les pratiques d’AirBnB ou de Troc des Trains, mais qui marquait la fin du bouche-à-oreille traditionnel dans le domaine de la vente illégale de drogue en ligne.
Les achats de drogues illicites sur ces places de marché ne s’effectuent pas en euro ou en dollar. C’est le bitcoin, une monnaie virtuelle, qui est le plus souvent utilisé. Une fois la monnaie obtenue, reste la négociation avec les vendeurs. « Certains étaient prêts à fournir des tests de laboratoire », se souvient Paul « surtout parce que beaucoup de produits circulent sans être de vrais produits, mais des produits de synthèse alternatifs ».
21/06 00:05 - Deva
@MILLA Quest en til de la suite des suspect ? Prison ou liberee ?? Merci de (...)
28/04 19:24 - Milla
Les étranges liaisons de la milice parallèle du Front National Dixit : Entre le Front National (...)
27/04 21:23 - smilodon
27/04 21:22 - smilodon
27/04 17:41 - blablablietblabla
Milla encore une mal-baisé ou pas baisé du tout. Tout vient de la sexualité , y a qu’a (...)
27/04 12:07 - Milla
@foufouille Tu me demandes de regarder les médias israéliens ? Morderire
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération