Bien entendu, cela devait arriver ! J’ai bien précisé qu’il s’agissait d’un texte écrit en langue « diplomatique » et qu’il convenait de le traduire en termes plus précis de notre langage courant.
Qui dit traduction dit forcément interprétation. J’ai probablement été influencée par les livres et autres documents que j’ai lus, mais je n’ai choisi que des ouvrages de professeurs reconnus pour leur honnêteté, souvent d’ailleurs encore exerçant dans des universités ou des centres de recherche.
Si vous voulez bien, réfléchissons ensemble :
« Notre engagement partagé envers les valeurs que sont la liberté, la démocratie et la régulation par les lois », ceci pour l’Allemagne et l’Union Européenne. En France, la liberté est encadrée par l’égalité et la fraternité, ce n’est pas le cas aux Etats-Unis où la liberté ne concerne pas souvent les plus pauvres qui y sont très nombreux. Ce serait plutôt (au conditionnel) la liberté du renard dans le poulailler, la liberté d’user d’influences ou de sa propre fortune pour se faire un chemin dans la société quitte à écraser les moins bien lotis. C’est quand même la société de la compétition et de la reconnaissance avant tout de la réussite sociale. Nous savons, ne serait-ce que par ce document, que ce sont les USA (et tout ce qui se cache derrière) qui dirigent la commission européenne dans les questions importantes : quelle liberté a été laissée à Chypre et, mieux encore, à la Grèce ?. Dans ce dernier cas, on peut s’interroger aussi sur le respect d’un vote exprimé par un peuple en toute souveraineté, comme ce fut le cas en 2005 pour la France. Une liberté sacrée aux USA, c’est bien celle de détenir des armes. J’espère que nous n’y adhérerons jamais.
Par ailleurs, nous savons grâce à nos historiens que les USA ont largement participé, non officiellement bien sûr, à la construction de l’Union Européenne. De quoi je me mêle ? Est-ce ainsi que l’on respecte la liberté et la souveraineté des autres états ? Leur soif d’impérialisme est très ancien, certains prétendent que ce fut le cas dès la création de l’Etat fédéral. La peine de mort y existe dans certains endroits alors que c’est certainement le signe le plus évident de la force de l’Etat sur le citoyen : droit de vie et de mort. Là où le droit à l’IVG est reconnu, il reste bien fragile.
Vous voyez bien que nos cultures sont différentes, la leur est anglo-saxonne et méprise les latins dont une partie de l’UE est partie intégrante. Je n’ai rien écrit sur le Droit, mais celui qu’ils veulent nous imposer par le TAFTA respecte le profit avant l’être humain et la planète. Nous n’avons pas les mêmes priorités.
Comment entendent-ils partager ces valeurs, telles qu’ils les entendent, avec les peuples de religion musulmane ? Là, il n’y a pas de séparation entre le temporel et le spirituel. Ils n’ont pas du tout la même conception des Droits de l’Homme et de la dignité. La démocratie est refusée ou inconnue de certains. Comment Les USA, l’UE et ces pays, lorsque ce sont des théocraties particulièrement, pourront-ils construire une « communauté de valeurs » ? Par la force ? C’est cela l’idéal de paix ?
Il y aurait encore bien des arguments à développer, mais il faudrait des pages... Les mots utilisés dans ce pacte sont imprécis et le principal problème est qu’ils ne sont pas définis de la même façon selon les cultures concernées. Je pense que les signataires le savaient et c’est pour cela que j’ai parlé de « langue diplomatique ». J’ai essayé de transposer la réalité en essayant d’être le plus fidèle possible aux éléments et faits que je viens de vous exposer.
C’est d’ailleurs ce qu’ont fait les quelques historiens qui ont commenté le texte. Dans sa version brute, ce pacte est complètement incompréhensible pour qui veut vraiment en saisir les nuances. Je précise, bien sûr, que je n’ai rien contre les peuples des USA et d’Allemagne et il s’agit simplement des dirigeants du monde politique et financier/économique. D’ailleurs, l’existence de l’Alliance signée par les deux pays est lui-même contraire à l’idéal de démocratie et une véritable marque de mépris pour les autres états de l’UE, notamment la France considérée comme un élément essentiel de l’UE dans le couple souvent cité « France-Allemagne ». Je suis rationnelle, sans plus.