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Commentaire de sasapame

sur Venezuela en pays du tiers monde. Comment en est-on arrivé là ?


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sasapame sasapame 16 mai 2016 19:30

Les achats sont rationnés par un système d’empreinte digitale pour d’acquérir la nourriture misérable réglementée pour deux semaines.

La propagande a aussi ses limites. A force de mentir, on en arrive vite par aligner degrosses contradictions. Par exemple, à qui voulez-vous faire croire qu’un pays qui n’aurait même plus assez de pognon pour payer les fournisseurs anglais qui impriment ses billets va se faire fournir assez de machines à lecture d’empreintes digitales pour équiper la moindre supérette de quartier ?

Dans un article déplorant que "l’administration Maduro a commencé le rationnement de l’électricité, les villes sont plongées dans l’obscurité pendant quatre heures par jour" (pour reprendre vos termes), on signalait au lecteur que cela pouvait poser un problème d’ " intoxications alimentaires de nourriture avariée" (ce sont ici encore vos mots) vu que seule la moitié des magasins seraient équipés de groupes électrogènes. Mais, donc, pas de problème pour se payer des trucs aussi utiles que des détecteurs d’empreintes digitales.

Ou bien il s’agit d’un système papier ? Quand on ne peut pas payer les fonctionnaires plus de deux jours par semaine, vous croyez vraiment qu’ils n’auront que ça à foutre de gérer ça ? Au faut, je croyais que vous étiez contre l’excès de fonctionnaires.

Il suffit, du reste, d’aller faire un tour sur l’autoroute bouchonnée des abords de Caracas pour mesurer la débilité de cette idée : une immense quantité de gens du barrio (favellas), entre les voies, gagne sa maigre pitance en revendant des fruits, des boissons, etc. S’ils devaient s’en tenir au quota de bouffe d’une famille, ils n’auraient plus que le vol pour survivre. Le barrio, ce sont de l’ordre de 5 millions de gens sur les montagnes tout autour de Caracas. Plus sérieusement, cette simple image montre à quel point le gouvernement contrôle la distribution de la bouffe, et la petite économie en général.

Quand ça arrange l’ultralibéral, le libre-échangiste déboutonné, il déclame du Ricardo (qui était, soit-dit en passant, contre la planche à billet des banques privées) pour nous vanter « l’avantage comparatif » et hurle à l’idée d’un quelconque protectionnisme ; quand ça l’arrange, il blâme un gouvernement d’avoir tué son pays par le socialisme : il a trop laissé faire, laissé passer, échangeant pétrole contre nourriture... Que des zozos pareils parlent d’une réforme agraire qui n’a jamais fait que traîner des pieds (contre la volonté de Chavez), mettons, mais un peu de cohérence, encore des incohérences qui puent la propagande impériale.

Et donc, l’un des pays les plus riches en pétrole de la planète, où vous faites un plein pour le prix d’un carambar, ne peut pas assurer sa production d’électricité. Si par malheur c’était vrai, Chavez se serait finalement fait niquer par l’empire au moins deux fois (la seconde sera évidemment le machin qui lui a filé son cancer foudroyant) : il a gobé comme un gros con la fable du réchauffement climatique... Faut dire que le gauchiste, le gauchiste tout particulièrement, ça en bouffe des couleuvres.

La crise actuelle du Venezuela a deux explications principales.
L’une est la dépendance du pays au pétrole, l’autre est le socialisme.

La crise actuelle du Venezuela a deux explications principales.
L’une est que les USA dépendent grandement de son pétrole, l’autre est que le FMI qu’ils dirigent ne tolère pas le contrôle des changes et le financement monétaire.

 Dans les années 70, les politiques libérales économiques mises en œuvre permettent au Venezuela de croître plus rapidement que tout autre pays dans le monde comme une sorte de Chine de son temps. A cette époque c’est le pays le plus évolué de l’Amérique Latine. L’interventionnisme d’état aura tout bousillé.

1973-Choc pétrolier mondial provoqué par l’OPEP, le pays a le plus haut revenu par habitant d’Amérique du Sud. Le niveau de vie approche les pays d’Europe. 1974-Le candidat Perez, promet le bonheur au peuple avec un programme de nationalisation du pétrole. Il sera élu. 1976-Le président Perez nationalise la production de pétrole en accrochant le pays à la dépendance à la rente pétrolière.

Faudrait savoir, c’est le libéralisme ou le pétrole qui a enrichi le pays dans les années 1970 ?

1989-Avec la fin de la guerre du golfe et la baisse des revenus du pétrole, le second mandat de Perez sera une catastrophe économique et sociale. Le » Caracazo « une série de manifestations, d’émeutes engendrera 3000 morts. 1992 : le colonel Hugo Chávez et d’autres officiers de l’armée organisent un coup d’Etat en Février et un autre en Novembre. Une centaine de morts. 1998 : Les électeurs de la classe moyenne, veulent une « remise en ordre du pays » et une « main forte » pour lutter contre la criminalité. Déçus par une crise économique qui s’enlise, provoquée par une baisse des prix du pétrole, ils élisent Chavez comme président.

On croyait que ça allait mieux avant Chavez. On croyait que les gens n’en voulaient pas. Quant à Perez, sous le coup d’un mandat d’arrêt, il s’est réfugié à Miami avec les millions qu’il a détournés. Comme quoi les USA l’aimaient bien, ils ont refusé de l’extrader.

1999 : Chavez modifie la constitution pour avoir le contrôle de l’économie, et le droit d’ingérence dans les libertés et le secteur privé. 49 lois liberticides donnent au gouvernement le contrôle total, la libre entreprise n’existe plus. La justice devient politisée.

Les gens ont ratifié haut la main sa constitution, si ça ne vous dérange pas. Quelles lois liberticides ? Contre la liberté de s’accaparer une grande entreprise de service public ?

2001 : [...]  2002 : l’empire n’y était pour rien, là encore.

2003 : Après une grève de deux mois qui ne parvient pas à expulser Chávez du pays, le président impose le contrôle des changes, encore maintenu aujourd’hui.
Depuis 13 ans, les Vénézuéliens n’ont pas eu un marché légal des changes.

Un détail : c’était un lock-out - i.e. une grève patronale.

Au fait, je croyais que vous étiez contre les grèves (cf. votre blog).

Le contrôle des changes, mesure protectionniste élémentaire, n’a rien d’une horrible anomalie dans l’histoire. Il a existé en France jusqu’en 1981, après quoi il a été aboli par la même gauche qui a désindexé les salaires, libéralisé la finance à tout va et vendu nos carcasses à l’UE.

« expulser Chavez du pays », rien de moins... La prochaine fois, quand vous repompez des sources aussi « partisanes » dans le registre de la violation du b-a-ba du droit international, relisez vous avant de poster, c’est pas très discret, là.

D’ailleurs, ça ira. Je vais arrêter là avec ce tissus de propagande grossière, j’ai donné.


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