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Commentaire de Michel Servin

sur Médias français : Cinq cas de journalistes acquis à la doctrine néoconservatrice


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Michel Servin 28 mai 2016 10:45

La notion d’observatoire est plutôt vaste. Cela va de l’observation scientifique d’un phénomène physique (astronomie) ou social (illettrisme), soutenu ou non par une institution gouvernementale (ADEME), au think tank comme le vôtre et qui a pour vocation de dénoncer plus que d’observer avec rigueur et neutralité.

On peut ainsi regretter que votre observatoire perde un peu de son crédit du fait de son positionnement politique et des approximations que vous publiez. 
Par exemple :
- c’est une tautologie d’écrire que ces journalistes ne sont pas nés néocons mais qu’ils le sont devenus, puisque le néo-conservatisme est, par définition, une conversion. 
- Alain Bauer n’est plus directeur de SAIC France depuis 1994... Ce n’est pas très important mais cela montre que vous manquez de précision.
- La juxtaposition des données factuelles ne suffit pas à établir des liens causaux. Que A soit né en même temps que B et qu’ils aient habité la même rue ne signifie pas qu’ils soient jumeaux ou qu’ils partagent les mêmes opinions. 
- Le fait d’avoir travaillé pour ou avec les Américains n’implique pas une adhésion totale et définitive aux thèses néocons. Au contraire, parmi ceux qui ont eu cette opportunité, certains sont revenus confortés dans leurs opinions que le néoconservatisme régano-bushien est plutôt primaire et dangereux. Quant à ceux qui adhèrent sans réserve, ils n’ont pas eu de lavage de cerveau, simplement la fascination l’a emporté ou alors l’opportunité s’est transformée en intérêt personnel. On peut au demeurant trouver quelques satisfactions à travailler avec les Ricains qui ne sont pas tous des cowboys néocons primaires, loin s’en faut. Comparée à la mentalité française, la mentalité US des milieux intellectuels est incomparablement plus ouverte. 

Le « cas Bauer » ou le rêve néocon américain
Cet homme en quête quasi maladive de reconnaissance (le pouvoir et l’argent n’étant chez lui qu’un moyen d’être reconnu) ne se remet pas d’avoir été recruté par les Ricains (lesquels ont naturellement joué sur son ego meurtri). Bauer est ainsi fasciné par cette expérience qu’il ressasse chaque fois qu’il rencontre quelqu’un (je l’ai vécu), comme pour mieux se convaincre que ce n’était pas un rêve de petit garçon. Depuis, il n’a eu de cesse d’être reconnu dans sa Mère Patrie, non pas par les politiciens qu’il méprise (il ne s’en cache pas), mais par les universitaires dont il rêve puérilement de porter le titre. D’où ce malheureux coup d’Etat au CNAM organisé par Sarkozy pour le faire nommer « professeur » (il ne l’est pas au sens universitaire). Bauer le stratège florentin, l’homme qui murmure à l’oreille de sarkovalls, l’étoile filante qui se hissa à la tête du Grand Orient de France, ce grand collectionneur de titres collés sur son album-CV, s’est écrasé comme une mouche contre le mur de l’université, faute d’avoir volé assez haut depuis les Amériques. Certes il y dispose d’une chaire en criminologie, mais il reste un imposteur aux yeux de la communauté universitaire qui, à juste titre (si je puis dire), lui tourne le dos. 

Cordialement
MS


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