@gnarf
Je ne perçois pas dans votre témoignage quelque chose de foncièrement différent de ma propre expérience, sinon évidemment la souffrance ressentie... ce qui change tout. .. !
La perception de la parcimonie d’une époque et de la réalité économique actuelle, est bien palpable . Mon témoignage la relate aussi. Je n’emploie pas ce terme de ’parcimonie’ par euphémisme, mais parce que je m’interroge encore sur les critères. C’est vrai qu’en tant que Belgo-Français, je peux me payer ce luxe de l’interrogation...
La Belgique, comme je dis souvent lorsque je reviens de Pologne, déborde, dégorge jusque sur les trottoirs de son superflu. J’ai peine à ouvrir la porte de la maison quand je rentre à Bruxelles, à cause de tout ce qui a été déposé dans la boîte aux lettres en mon absence. Je suis déjà resté coincé dehors à cause de cela. En Pologne, aujourd’hui encore, chez moi, toujours rien ou à peu près. Quelques prospectus pour l’importante entreprise de fabrication de tracteurs à l’épicerie, et de temps en temps un catalogue de la même entreprise, toujours sur le comptoir de l’épicerie. A l’épicerie où l’on coupe l’ampoule du frigo quand le client s’en détourne. C’est tout. Je ne trouve pas cela franchement et forcément négatif. Faire attention à la lumière et à la note d’électricité, c’était la réalité dans mon enfance, je n’en ai conservé aucun traumatisme. Mais dans ces questions il y a toujours en jeu la comparaison. Peut être que Adrian l’épicier se sent humilié de devoir faire ainsi attention à la lumière alors qu’il sait que pour moi cela n’a à peu près aucune importance.
j’ai connu enfant la joie de découvrir les très grandes surfaces commerciales, comme elles fleurissent partout en Pologne maintenant. Lorsqu’il n’y en avait pas en percevait on le manque ?
Un ami polonais collègue de longue date qui étrennait son énorme 4x4 flambant neuf, me faisait lui même cette réflexion : tu vois, cette voiture j’en rêvais depuis des années. Avec mon fils, il y a quelques années nous avions fait une photo devant ce même modèle, et je m’étais promis que nous en aurions une à nous un jour. Et bien maintenant que je l’ai, tu sais quoi... ça ne me fait rien ! Et je trouve cela plutôt bête. Je dois être malade tu ne penses pas... ?
Voilà résumé en une prise de conscience fulgurante, de quelques heures, toute la contradiction de la société de consommation. Exploiter le désir à outrance pour se rendre compte, le désir satisfait, de son inanité.
J’avoue que c’est facile à dire, et je ne me serais pas permis d’en parler à propos de la Pologne, je suis bien trop mal placé pour cela, si ce n’était pas justement un polonais, qui a connu lui aussi les pénuries dont vous parlez, qui m’avait fait cette réflexion.
C’est je crois cette part de relativité possible, évidemment dans certaines limites, en regard de la possession de bien matériels et d’un certain superflu, d’un certain confort, qui a permis à ces villageois dont je relate un moment d’échange, de relativiser les pénuries du communisme, comme leurs ancêtres avaient dû le faire des pénuries issues de la spoliations de la noblesse polonaise, très avant dans le XXième siècle, comme d’ailleurs ils sont contraint de le faire aujourd’hui face à la réalité économique difficile. Mais cela toujours dans une générosité et un accueil incontournables. Cette façon de faire le gros dos en attendant que ça passe et de parvenir malgré tout à revendiquer que la vie est et était bonne et que, l’on y est heureux, est pour moi source de réflexion et peut être bien de sagesse.
Sans aucune volonté d’idéaliser. Et aussi de repréciser que si les polonais que je connais ne dénigrent pas totalement le communisme qu’ils ont vécu, ils ne rêvent pas pour autant de son grand retour. et me semblent assez clairement préférer la réalité d’aujourd’hui.
Vous dites que par ailleurs si les gens se rencontraient c’est parce que il n’y avait rien d’autres à faire. Soit, c’est ce que disaient les cousins de mon père ici à la campagne, en Belgique.
Et aujourd’hui qu’il y a à faire, avec la télévisions, les gens sont enfermés chez eux et ne se rencontrent presque plus, en Belgique et en Pologne.
C’est vrai qu’il y a les vacances en Grèce, en Égypte ou aux états Unis, (alors qu’avant c’était plutôt l’Ukraine, la Yougoslavie ou la Tchécoslovaquie) mais je n’ai pas perçu que mes connaissances polonaises qui avaient accès à ces voyages étaient plus épanouies ou heureuses que les autres, et qu’ils en étaient revenus pleins de nouvelles rencontres et d’amis.
Maintenant, sans l’ombre d’un doute il est sûr que pour d’autres le communisme a dû être la cause de grands tourments et souffrances, surtout peut être en ville, mais il en est de même de beaucoup jusqu’à ce jour en raison du capitalisme féroce et triomphant, partout où le capitalisme s’est instauré. Il est vraisemblablement fort difficile aujourd’hui aux jeunes Polonais des villages de ne pas se sentir frustrés de tout ce que la société de consommation fait miroiter devant leurs yeux.
Je ne veux surtout pas faire d’équivalence - renvoyer dos à dos communisme et capitalisme - il n’y en a pas, mais observer ce que finalement les gens sont parvenus et parviennent à faire de leur vie aujourd’hui et hier en dépit de leur environnement.
Oui, bien d’accord avec vous, cette loi d’interdiction est stupide, et peut être même dangereuse.
Bien cordialement.
Knail
27/06 09:54 - knail
@Kasia Bonjour Kasia, Je rentre de Pologne où j’ai été assez fort occupé. Vos deux (...)
07/06 23:21 - Kasia
@knailJe ne réponds que maintenant car il me faut du temps pour digérer les choses :) (...)
07/06 18:16 - Kasia
@knail Je me demandais parfois : Sommes-nous vraiment si repoussant que l’on ne nous (...)
04/06 14:31 - knail
@tf1Groupie J’aime assez votre humour en admettant qu’il s’agisse (...)
03/06 18:46 - JC_Lavau
@roman_garev Je répercute bien des infos sur ce forum, que je ne veux pas changer en blog : (...)
03/06 15:00 - knail
@escoe Ce que vous racontez est toujours bien réel. De la poésie française récitée comme cela (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération