Tous les mammifères
vivant en groupe sont hiérarchisés, la plupart du temps sous la
domination d’un mâle qui a conquis sa place après un ou des combats
victorieux contre d’autres mâles candidats au titre suprême.
D’où ces luttes
abondamment filmées entre cerfs, loups, chevaux sauvages etc.
L’intérêt d’être
le chef est d’abord d’accéder aux femelles, ce qui, outre l’agrément
du coït, assure la propagation de ses propres gènes.
Les mâles humains
du paléolithique n’ont pas échappé à cette compétition. Mais
leur intelligence aurait permis ce qui n’existe pas pour les autres
groupes animaux : l’homicide par surprise du dominant.
Pour survivre,
celui-ci devait donc faire croire que sa mort entraînerait pour son
assassin de graves ennuis venus de l’au-delà.
Pour survivre, avec
des rivaux aux aguets, le dominant humain devait faire croire à tous
les membres du groupe, qu’il possédait des pouvoirs surnaturels, une
protection spéciale des divinités de la Nature. Les mystères du
monde étaient tellement grands pour les humains de ces époques et
leur besoin de néanmoins l’expliquer entraînait naturellement la
création de mythes religieux ... qui ont des relais encore
aujourd’hui. Ces mythologies étaient créées par des cerveaux
imaginatifs et celui des dominants devait l’être pour conserver leur
position.
Ces pouvoirs
surnaturels étaient évidemment complétés par un physique
avantageux, de grandes qualités de chasseur et de guerrier, ainsi
que par une connaissance des plantes qui guérissent, cette dernière,
bien réelle, étant transmise par une initiation particulière
d’autres chamanes.
Dans ce contexte
(invérifiable je le reconnais) l’hypothèse de Jean Clottes sur la
raison d’être de ces peintures (celles que nous voyons aujourd’hui
sont toutes souterraines où elles on pu défier le temps, mais
peut-être qu’à l’époque d’autre décoraient les huttes en peau
comme cela fut constaté avec les Amérindiens des Prairies) est tout
à fait plausible : elles servaient aux chamanes à impressionner
leurs dominés tout comme les églises du Moyen-âge servaient à
donner du pouvoir au clergé en impressionnant par leur somptueux
décor les fidèles dont certains vivaient dans des chaumières.
Et comme au
Moyen-âge où les prêtres ne construisaient pas, ne décoraient pas,
ne finançaient pas les églises, les chamanes du paléolithique
n’effectuaient sans doute pas eux-mêmes les peintures rupestres et
sans doutes extérieures, mais elles étaient réalisées selon leurs
directives.
Et elles les
rendaient en quelque sorte « sacrés », donc à l’abri des
jaloux, assassins potentiels.
On retrouvera cette
notion de la « personne sacrée du Roi » jusqu’à Louis XV
qui fit écarteler un malade mental, Damiens, pour lui avoir fait une
grosse éraflure avec un canif au côté.