(suite)
En 1901, l’Okhrana fait rédiger par un faussaire Les Protocoles des Sages de Sion, ouvrage censé émaner d’un complot des Juifs et des francs-maçons et détaillant un plan de conquête du monde. Ce faux, destiné à influencer le tsar Nicolas II et à favoriser les politiques antijuives, permet a posteriori — l’ouvrage n’étant largement diffusé qu’après 191723
— un rapprochement entre deux mythes antisémites : l’existence d’un
complot juif mondial et le marxisme comme pensée juive. Si Nicolas II
identifie rapidement Les Protocoles comme étant un faux24, il n’en est pas moins convaincu, après la révolution de 1905, que les Juifs composent les « neuf dixièmes » des rangs révolutionnaires. Plus de 600 pogroms
ont lieu en Russie après cette première révolution : les autorités
tsaristes ne font rien pour s’y opposer, la police prêtant parfois même
main-forte aux émeutiers antisémites. Dès cette époque, l’antisémitisme
devient l’un des principaux arguments des monarchistes russes pour
inciter la population à s’opposer aux révolutionnaires25.
Soutenues par une copieuse littérature, les théories antisémites font
florès en Russie dans les années qui séparent la révolution de 1905 de
la Première Guerre mondiale : Witte considère à l’époque que l’antisémitisme est devenu « à la mode » parmi les élites russes. Dans la population, les groupes antisémites comme l’Union du peuple russe connaissent leur apogée26.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jud%C3%A9o-bolchevisme