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Commentaire de Pomme de Reinette

sur Spécificité juive et internationalisme prolétarien


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Pomme de Reinette 8 juin 2016 09:22

(suite)

Récupération et usage du mythe par les nazis

Ian Kershaw souligne que Adolf Hitler, démobilisé et revenu à Munich à la fin novembre 1918, est alors témoin des évènements politique en Bavière, alors que l’Allemagne est en pleine révolution. La judéité de Kurt Eisner, chef du gouvernement socialiste bavarois et le fait que de nombreux militants socialistes soient des Juifs originaires d’Europe de l’Est et sympathisants des bolcheviks, marquent aussi bien Hitler que la majorité des nationalistes allemands de l’époque. Dans l’imaginaire de cette famille politique, les Juifs et les marxistes sont en partie amalgamés et collectivement associés au mythe du « coup de poignard dans le dos » qui aurait causé la défaite de l’Empire allemand97. Lancée par Ludendorff, cette idée prétend expliquer la défaite allemande et le « diktat de Versailles » par l’association des Juifs et de la révolution, comme une « preuve » de l’existence d’un projet juif de domination mondiale, dans la ligne des « révélations » des Protocoles des Sages de Sion.

Michael Kellog98 insiste sur l’idée selon laquelle les Russes blancs auraient apporté au nazisme la « lecture apocalyptique de la menace mondiale juive concrétisée par la prise de pouvoir du judéo-bolchevisme en Russie, idée qui aurait été absente chez Hitler avant 1919 »99. Henri Rollin rapporte qu’aux débuts du mouvement national-socialiste on retrouve, parmi les Russes blancs gravitant dans l’entourage de Hitler et de Ludendorff, le colonel Winberg et le lieutenant Chabelski-Bork, deux des importateurs des Protocoles des Sages de Sion en Allemagne100.

(...)

Le mythe du judéo-bolchevisme fait partie intégrante de la propagande nazie, avant et après l’arrivée de Hitler au pouvoir. Le 11 septembre 1935, quelques semaines après le Congrès de l’Internationale communiste à Moscou, Rudolf Hess dénonce « la collusion des Juifs avec le « communisme mondial » » 105 et accuse les Juifs de répandre des calomnies sur l’Allemagne par le biais des organisations communistes. Hitler lance ensuite le processus qui conduit à l’adoption des Lois de Nuremberg.

Pour Lionel Richard, spécialiste de l’histoire de l’Allemagne au XXe siècle, « l’antisémitisme basé sur des théories raciales [rejoint] l’antijudaïsme chrétien séculaire, par le biais de la lutte contre le communisme. » L’expression reprise par les nazis de judéo-bolchévisme assimile le « communiste » au « Juif ». Dans la société allemande, cela permet d’associer les Églises chrétiennes, très anticommunistes, à l’antisémitisme pour lequel elles pouvaient avoir des réticences106.


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