Les psychanalystes se sont toujours intéressés à la question des mythes, et Freud le premier. Voici ce qu’il en dit dans La création littéraire et le rêve éveillé : « il est fort vraisemblable que les mythes sont les résidus déformés des désirs fantasmés de nations entières et qu’ils correspondent aux rêves séculaires de la jeune humanité. »
Il s’agit donc de mélange de paroles collectives et personnelles au sujet qui sont présentes, à leur insu et refoulées par l’individu lui même. L’expression, la forme de l’antisémitisme peut changer, mais le fond reste toujours le même, permanent. L’antisémitisme, comme tout mythe, nécessite le même traitement que l’inconscient, en ce qui concerne le repérage, et la façon d’y répondre.
On reproche souvent aux Juifs de se présenter comme le peuple élu. Or une étude très sérieuse tendrait à prouver l’inverse. C’est plutôt le peuple juif qui a élu Dieu comme Unique. Il est le premier peuple monothéiste et ceci en fait une spécificité. Il élit le Un. Ici aussi comme l’exception qui institue un ordre humain. Il le place à l’origine de la création.
On y retrouvera sans ambiguïté toutes les images de la saga antisémite du Juif, c’est à dire le Juif tout-puissant, dominateur, tissant sa toile sur l’univers entier dans un complot mondial,
Le Juif libidineux, obscène, dégoûtant, maquereau. Le Juif radin, fourbe, manipulateur, intéressé. Le Juif lâche, vermine, sous-homme, etc.
Nous pouvons donc conclure que l’antisémitisme existe chez tout individu, sous forme de trace mnésique, c’est-à-dire de traces de mémoire transgénérationnelle, innée, inconsciente, enrichie des aléas de l’histoire singulière inconsciente de chacun. Il s’agit donc d’un symptôme universel. D’un symptôme de l’humanité. Et ceci sans doute en explique la permanence.
Si la ségrégation est conséquence du racisme, de l’antisémitisme, de l’homophobie, de l’oppression des femmes, etc., leur origine inconsciente est différente, leurs conséquences et leur traitement aussi.
Une autre constatation s’impose : de la nature innée, transgénérationnelle, an-historique, et inconsciente du mythe, découle que l’antisémitisme existe chez tout un chacun à son insu. Bien sûr il existe des personnes qui s’affirment effrontément antisémites, mais ce que nous voulons faire ressortir, c’est que cette particularité fait qu’il en existe des éléments chez tout un chacun, sans qu’il ne le sache, dans les recoins de son inconscient.
Puisque, aussi bien, tout un chacun possède un inconscient, les manifestations antisémites sont contagieuses. Cet aspect contagieux traduit le fait que l’antisémitisme obéit à la psychologie des foules. Ce qui est latent, quiescent, inconscient chez tout un chacun, vient à pouvoir se manifester à cause des phénomènes de foule, et la violence, survenir alors.
Ainsi donc, si l’antisémitisme est un phénomène permanent, universel, lié à la trace mnésique, la trace de mémoire oubliée de l’origine de l’humanité, il est présent sous formes de traces chez tout un chacun et il y a peu de chance de le voir éradiqué. Certains ont pu penser qu’après la Shoah, ce ne serait « plus jamais ça ». La culpabilité et la honte de l’occident ont été tellement fortes au sortir de la guerre, que certains ont pu le croire. Il n’en n’est rien. Aujourd’hui cette culpabilité est en passe de disparaître et commence à agacer.
L’antisémitisme s’exprime à nouveau. Le fond est toujours le même, le mode d’expression varie selon les circonstances sociopolitiques. Il ne cherche que tel ou tel événement pour s’exprimer.
C’est à croire que le Juif, on le surveille. On l’« a à l’œil ». Le Juif on a une passion pour lui.
Il importe en tout premier lieu de le repérer et de le faire reconnaître : Outre les cas où il est patent, affirmé et manifeste, il est peut-être difficile de le repérer, soit que les personnes s’en cachent, soit comme nous l’avons vu, que le sujet lui-même l’ignore, car il agit à son insu dans son inconscient et il le dénie.
On accuse souvent les Juifs de voir de l’antisémitisme partout. D’être en somme parano sur cette question. Peut-être qu’il y a des paranos de la chose. Mais le plus souvent, ils ont un sens aigu du repérage lié au fait que, comme il est vital pour eux de le reconnaître avant qu’il ne soit trop tard, ils ont développé une hyperacousie à ce sujet. Ils savent décrypter les détails, repérer les petits signes qui ne trompent pas, jusque et y compris les manifestations inconscientes.
Il n’en reste pas moins qu’une énigme demeure. Comment se fait-il que ce peuple que l’on veut détruire depuis plusieurs millénaires, malgré tous les pogroms, la Shoah, les persécutions massives, ce peuple existe toujours ? En petit nombre certes, mais toujours. Des civilisations ont disparus, des peuples entiers ont été exterminés. Des Juifs, il y en a toujours. Comme si, malgré la haine destructrice à leur égard, il fallait toujours en laisser quelques-uns, pour s’assurer qu’il y a toujours de l’Humain. C’est ainsi qu’on comprend ce que dit Freud, quand il définit le peuple juif comme « un peuple fossile ».
Ainsi le Christ souffrant, synthèse de ces représentations, descendant de David des Evangiles, va s’associer dans l’inconscient formé par la culture chrétienne à « l’enfant-palestinien-martyr » tandis que le David opposé à Goliath devient cet enfant affrontant avec des pierres le soldat juif surarmé.
Les facteurs psychologiques qui nous paraissent prédominer là sont le narcissisme, l’incertitude identitaire, dans un mouvement de rupture avec la filiation, les origines et la transmission, bien entendu en interaction avec une impasse quant au complexe de castration et au complexe d’Œdipe, et comme l’identification à l’ennemi et le masochisme qu’elle comporte. C’est alors le Juif, et paradoxalement le Juif seul, qui se voit alors exposé au double reproche de communautarisme et d’être relativement réfractaire au métissage, par les extrêmes-gauches, les pseudo-écologistes et autres altermondialistes, de plus unis par la fascination apparemment paradoxale devant la violence et éventuellement la tyrannie, bref par leur sado-masochisme, dans l’acceptation passive ou active de l’avenir que laisse entrevoir la percée de l’islamisme en Europe.
On s’interroge sur ce qui peut être ce trait psychique qui consiste précisément à savoir qu’on soutien une position qui n’est pas vraie ou, en tout cas, qui n’est pas réelle (ce qui n’est pas tout à fait la même chose, qui peut être vraie mais pas réelle) en même temps qu’entre personnes du même clan ou de la même « famille » on va soutenir le contraire, même sous une forme allusive.
Au fond de tout antisémite, il y aurait comme une espèce de marranisme, c’est-à-dire une religion de façade dont on pratique les rites, mais auxquels on ne croit profondément pas mais qui viendrait recouvrir une foi profonde mais dont le rituel ne s’exprimerait qu’à l’occasion par exemple d’actes antisémites et de pogromes qui en témoigneraient.
Ce qui est embarrassant et peut-être plus insidieux que ça n’en n’a l’air, c’est que nous avons choisi d’avoir affaire à des gens qui ont comme Dieu un juif et que, tant que leur Dieu, c’est-à-dire ce qu’ils idéalisent au plus haut point, sera un juif, nous aurons les emmerdements. Les psychanalystes sont bien placés pour savoir que toute idéalisation se fait sur fond de haine, et un déni de haine.
1ère partie
26/06 10:13 - titi75013
la lecture du titre suffit pour en pas vouloir en lire plus charmante propagande s’il (...)
23/06 23:56 - MILLA
A l’avenir, ce seront les fascistes eux-mêmes qui se nommeront antifascistes" -Winston (...)
23/06 23:51 - MILLA
Il est évident que l’antisémitisme n’a aucun rapport avec l’antisionisme. Il (...)
23/06 20:50 - MILLA
23/06 17:24 - sophie
23/06 16:35 - Jonas
@Oceane. Non, Océane , les israéliens sont composés de + de 60% de personnes nées en israël , (...)
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