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Commentaire de simazou1

sur Une vérité à marteler : L'antisionisme n'est pas de l'antisémitisme


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simazou1 (---.---.105.68) 22 juin 2016 07:11

Ils inventent des expressions du type « judéonazi » pour parler des sionistes. Hormis le côté pervers de cette manipulation linguistique qu’on connaît bien parce que c’est comme ça que le national-socialisme s’est forgé, en tordant les mots « national » et « socialisme ».

 

Le problème, c’est qu’apparaît justement cette dimension effroyable, cette dimension qui fait froid dans le dos, qui fout une trouille terrible, c’est qu’on puisse être jaloux de ce que les juifs aient été exterminés pendant la Shoah, on peut en être jaloux au point de revendiquer à son insu dans le discours leur place. C’est dire que cette jalousie, dont parle Freud, va très très loin et que dans cette accusation de judéonazisme, il y a cet aveu qui effectivement est d’une horreur absolue mais à laquelle, comme les psychanalystes sont habitués : on peut vouloir s’identifier à quelqu’un par le trait le plus obscur, le plus sadique ou le plus masochiste de son histoire. Ca se passe évidemment de façon tout à fait inconsciente, mais il n’empêche que ça a des effets tout à fait réels. C’est curieux mais c’est comme ça, pour demander une analyse encore faut-il se convaincre qu’on est malade ou qu’on a des symptômes.

On arrive à la conclusion que les juifs ou le Juif (en tant que ça n’existe pas évidemment « le Juif » ça n’existe que dans le fantasme et dans les têtes des antisémites), le Juif est le fétiche de l’antisémite et c’est à prendre au sens rigoureusement clinique.

 

Sur le caractère pérenne de l’antisémitisme, est que la haine des Juifs et la responsabilité projetée sur eux du malheur du monde, (Israël est le principal fauteur de guerre selon les Européens) constituent une voie toute tracée – un frayage, dirait-on en psychanalyse – recouverte pendant des périodes plus au moins longues, que le principe de plaisir invite à retrouver et à reprendre à la première occasion. En somme, l’antisémitisme existe parce qu’il a existé déjà et encore.

 

Le sociologue allemand, Gunnar Heinsohn a écrit un livre qui n’a jamais été traduit. Sa thèse, qu’il a résumée, est la suivante : l’antisémitisme serait le fruit de l’interdiction par la Bible juive du sacrifice des enfants pratiqué alentour par les vénérateurs de Moloch. Selon lui, cette prohibition est particulièrement difficile à maintenir et le refoulé a fait son retour dans le christianisme par le sacrifice du fils, Jésus. Or la culpabilité des Chrétiens d’avoir recommencé le sacrifice humain malgré l’interdit dont il est frappé fait qu’ils sont dans l’obligation de le projeter sur les Juifs (peuple déicide) et assassin d’enfants. Ils ont fabriqué à partir de la crucifixion opérée par les Romains, un mythe selon lequel le Christ, tel le sacrifié – bouc émissaire – et rédempteur à la fois, « porte tous les péchés du monde ». Le sacrifice de la Messe et l’ingestion de l’hostie qui, dans sa version catholique, représente bien un acte cannibalique (dogme de la présence réelle) créent une culpabilité insupportable, dont les Chrétiens, au cours des âges, se sont débarrassés en la projetant sur le Juif. Tel est l’essentiel de sa thèse.

S’il est surprenant de voir de vieux mythes chrétiens ressurgir et être utilisés pêle-mêle par les musulmans, des chrétiens arabes et des athées de gauche (Libération), c’est que ces mythes renvoient à quelque schéma archaïque fondamental, celui de la victime et du bourreau et, plus profondément sans doute, du sacrificateur et du sacrifié, c’est-à-dire à un monde païen, archaïque, s’enfonçant dans la nuit des temps.

 

En effet, il y a Israël. « Ce dont le Juifs ont à répondre désormais(…) c’est du martyre qu’ils infligent, ou laissent infliger en leur nom, à l’altérité palestinienne. On ne dénonce plus leur vocation cosmopolite, on l’exalte, au contraire, et, avec une véhémence navrée, on leur reproche de la trahir, « Pourquoi vous êtes-vous mis à jouer dans Tsahal, vous étiez si bien dans la Shoah ». La journaliste Italienne Barbara Spinelle écrivait en 2001 : S’il y a quelque chose dont on ressent l’absence, dans le judaïsme, c’est justement ceci : un mea culpa envers les populations et les individus qui ont dû payer le prix du sang ou de l’exil pour permettre à Israël d’exister. Pour la journaliste, les Juifs n’ont aucune mauvaise conscience. Tous les peuples, toutes les institutions font repentance sauf les Juifs.

 

C’est donc au nom de l’antiracisme que le Juif est frappé, accusé, haï. C’est au nom du progressisme qu’Israël est déclaré illégitime (sans que jamais cette délégitimation ne laisse vraiment voir des suites : le massacre de la population de cet Etat usurpateur). Quant aux altermondialistes, par quelle aberration les qualifie-t-on de « progressistes » ?

 

Pour la psychanalyse en effet, tout sujet est aux prises avec des motions contradictoires, tantôt refoulantes, tantôt animées par les revendications pulsionnelles ; l’inconscient témoigne de la réalité de ces forces conflictuelles dans la vie psychique dont une part échappera toujours à l’entendement et dont le symptôme est la manifestation la plus courante. En effet, la cure analytique n’a pas pour objet de supprimer le conflit psychique mais de l’aménager car le conflit psychique ne fait que témoigner de la réalité de l’inconscient et des forces antagonistes qui sont en jeu, forces qui ne disparaissent pas à la fin d’une psychanalyse. Là où l’inconscient insiste permet à la faveur analytique, de libérer la sensibilité. Cette sensibilité va donc concerner la façon dont parole et langage sont utilisés.

C’est ici, à partir du conflit psychique et de ses implications, que psychanalyse et judaïsme commencent à tisser des liens et trouvent une forme de solidarité face à la modernité ambiante et à ses distorsions. En effet toute annulation du conflit psychique, en particulier lorsque certaines formes discursives sont utilisées, va avoir de l’écho au sein du peuple juif et porte atteinte aux fondements même du judaïsme et ce, sans qu’il soit nécessaire de mettre en jeu l’hypothèse de l’inconscient.

Et parce que l’homme se construit dans le judaïsme à partir du retrait du divin, cette absence de Dieu sur terre qui oblige à composer avec l’inachevé, là où s’interpose le texte, la Loi mais qui comble nullement l’Absence. Il y a donc de fait, une certaine douleur d’exister… dans le judaïsme aussi. L’hypothèse de l’inconscient et du conflit psychique : « rien de ce qui fut une fois formé, dit Freud, ne peut disparaître, et tout se trouve conservé d’une façon ou d’une autre » et, d’ajouter, « pourrait dans des circonstances appropriées réapparaître ».

Cette posture, soit dit en passant, place le devoir au dessus du droit et, dans la même veine, l’implicite plus haut sur l’explicite. Mais sur ce point précis, il faut convenir que nos sociétés évoluent à l’envers ! Le droit semble vouloir s’imposer là où l’Etat recule.

Vouloir légiférer à tous moments dans l’explicite prouve la dégradation dans l’implicite ; le sentiment prévaut que tout devient équivalent et ne peut trouver règlement hors de droit. Ce principe d’équivalence est avec la transparence une autre de ces distorsions dont notre modernité a le secret mais où l’antisémitisme puise abondamment. En effet, non seulement dans certaines classes de lycée, il n’est plus possible d’enseigner la Shoah mais la spécificité voire la réalité de l’événement sont remises en cause d’une part en lui opposant d’autres génocides, en manifestant sa propre opinion sur le sujet faisant la part belle au négationnisme.

 

suite 2ème partie 

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