• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Paul Leleu

sur Albert Camus et Jean-Paul Sartre : une relation tumultueuse


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Paul Leleu 28 juin 2016 17:39

Aujourd’hui tout le monde est bien-sûr camusard. Ben... il faut se méfier des unanimismes. 


Il est plus facile de se voir en « grand résistant modéré » qu’en « vilain sectaire de salon »... 


Le paradoxe va plus loin. Quand on discute avec un « camusard » contemporain (je parle pas de nos pères et grands-pères, mais bien de nous), il est courant qu’il se réjouisse du retour de la violence dans la pensée, contre le « bisounours des 68 arts ». 

En clair, il est courant de voir un interlocuteur tout à la fois reprocher à Sartre sa violence (communiste) et se réjouir du retour de la violence (réactionnaire) dans la pensée contemporaine ! 

C’est un tour de passe-passe classique. Reprocher au communisme sa violence pour disqualifier le communisme. Légitimer le capitalisme. Puis relégitimer la violence comme « nécessité » sociale, cette fois-ci au profit du capitalisme... 

Bref... il ne s’agit pas de dénoncer la violence, mais de dénoncer le communisme. Il ne s’agit pas de dénoncer la violence, mais de dénoncer la révolte. La violence apparait légitime quand elle est le fait du système. 
C’est au fond, exactement ce qu’un Sartre pouvait reprocher à un Camus. Votre dénonciation de notre violence (communiste) servira surtout à relégitimer leur violence capitaliste... et en aucune façon de faire reculer la violence en elle-même. 

Je ne suis pas un zélateur de la violence. Je constate juste les faits. La violence est dans le monde : la question est de savoir qui a la légitimité à s’en servir. Est-ce que la révolte justifie la violence ? Est-ce que le maintien de l’ordre justifie la violence ?

On a le sentiment que Camus est surtout utilisé pour dire du mal de Sartre. Aimons Camus pour lui-même, et relisons Sartre avec plus d’humilité.


Plus personnellement, un très beau commentaire d’un lecteur : 


dixit : jack mandon

« A. Camus avait naturellement le coeur à gauche et la tête libre.

J.P. Sartre avait théoriquement la tête à gauche et le coeur en attente. »


Je trouve des défauts à la forumlation (évitons les acusations de « théorique » et « cérébrale », c’est creux et vindicatif). Mais j’aime beaucoup cette idée de « coeur en attente »... Il faudrait explorer cette idée pour percer le mystère de Sartre, plutôt que d’en faire un diable de comodité. 


Je ne connais pas grand chose de Sartre. Mais sa phrase « l’existance précède l’essence » me semble d’une profonde sagesse. (et magnifiquement complétée par « l’existantialisme est un humanisme »...)

Je pense que cette phrase apporte un grand accueil de la vie dans le monde contemporain. Une sagesse qui se rapprocherait de la poésie chinoise. 



Enfin, n’oublions pas qu’il y eu des maoïstes de droite bien planqués (comme J-P Raffarin), et que le stalinisme continue d’exercer une grande facination sur la droite réactionnaire (Zemmour et cie.). 





Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès