@eresse
Ce clivage entre vérité officielle et vérité officieuse est sans grande pertinence. Il est bien possible que vous le reproduisiez parce que ce sont effectivement les prétentions qui paraissent s’afficher sur le Net dans les interventions qu’on peut lire, sans que vous y adhériez vous-même, ce que j’espère. Très souvent, les choses sont beaucoup plus complexes, comme le fait très bien apparaître l’excellent bouquin de Gérald Bronner : « La démocratie des crédules », paru il y a déjà plus d’un an.
Prenons un exemple simple : le coup d’état en Turquie. Y a-t-il là-dessus une vérité « officielle » et une vérité « officieuse » ? Les états occidentaux, comme après la chute de Morsi, font mine de soutenir la « démocratie » très particulière d’un Erdogan, comme ils avaient soutenu Morsi élu au terme d’un processus démocratique et qui aurait dû pouvoir aller, disait-on, jusqu’à la fin de son mandat, ce qui signifiait ipso facto aller aussi jusqu’au terme d’un processus d’élimination des Coptes et de pas mal d’opposants laïcs déjà très bien engagé. Dans le même temps commence quand même à courir, même dans la presse que vous diriez « officielle » et qui n’est pas réputée céder facilement au conspirationnisme, une espèce de rumeur probablement difficile à fonder pour l’instant : Erdogan aurait laissé se développer le complot des militaires afin d’avoir une occasion vraiment sérieuse de réprimer, et pour être à même d’éliminer plus facilement ce qui reste d’opposants dans l’armée et dans la magistrature. Les réticences de Kerry pressé par Erdogan d’extrader Fetullah Gulen pourraient tendre à accréditer une thèse qui devient donc tout à la fois conspirationniste et officielle. Bien malin qui pourrait, en la circonstance, formuler autre chose que des hypothèses, et prétendre démêler un pareil sac de noeuds !