Il y a quand même une vertu que nous avions, nous les jeunes d’autrefois, c’est la patience. Il fallait attendre tout le temps et prendre son mal en patience. Les jeudis puis...) mercredis pluvieux, on tuait le temps devant la télé : un match Borg - Lendl de plusieurs heures tout en fond de cours. « tchook (...) tchook », aucune montée au filet, aucune surprise.
Attente devant la mire de la télé (image fixe, les jeunes : si si !) pendant des heures en attendant la reprise des programmes. Pas de musique de jeune à la radio (je l’ai déjà dit, mais il est bon de rappeler certaines choses). Donc on savait attendre longtemps, très longtemps. La suite du feuilleton (« franchouillard et larmoyant », j’insiste là aussi), l’attente du repas familial du dimanche, seul moment de répit dans le métro-boulot-dodo.
L’attente, toujours l’attente. On a fait de la patience une vertu. Aujourd’hui ? On n’attend plus rien, on nous sert tout de suite !
Mais aucune attente = aucun espoir. L’attente et l’espoir vont ensemble. Parce que, à cette époque, on savait aussi espérer.
On savait espérer et on prenait le temps de commenter le lundi, à plusieurs, ou plusieurs fois avec différentes personnes, l’unique film de la télé du dimanche. Il n’y a plus d’échange, de communion, d’analyse en commun. Aujourd’hui, on ne commente plus parce que nous ne regardons plus les mêmes choses et surtout on passe immédiatement à autre chose. Sans aucune transition, sans aucun temps mort, ni ennui.
Rendez nous les temps morts, l’ennui, l’attente, l’espoir !