l’homme n’a de cesse que de tuer Dieu pour le remplacer par un autre !?
l’Ane Artiste
Je ne suis pas vraiment d’accord avec cette proposition. Il y a bien cinquante pour cent des Français qui se déclarent « sans religion », quoique baptisés probablement, et d’origine chrétienne pour la plupart. Quant à ceux qui restent attachés à leur religion, ils font quelquefois baptiser leurs enfants pour complaire à leurs ascendants - sans ne coûte pas grand chose et c’est sans conséquence !- Ils se marieront peut-être à l’église ou s’y feront même enterrer parce que la mise en scène a quand même, il faut le reconnaître, un peu plus de relief qu’une banale cérémonie civile, mais Dieu ne les empêche pas de dormir et encore moins de forniquer. Il va sans dire que je n’ai absolument rien à redire à ces sortes de pratiques traditionnelles, pas plus que ne me choquent les fêtes des musulmans dont j’ai toujours apprécié l’art de la pâtisserie. La chose commence seulement à devenir préoccupante quand le religieux envahit sans pudeur le quotidien de ses victimes et commence même à déborder sur l’existence de ceux qui n’en ont que faire. Cependant, on n’en est même plus à ce grossier manque de savoir-vivre qui serait déjà intolérable puisqu’on a quand même en un an tué plus de deux cents citoyens au nom d’un dieu qui ressemble de plus en plus à la divinité monstrueuse que vous évoquez. La ligne rouge est franchie, incontestablement, et je ne pense pas que les Français supporteront très longtemps encore un fanatisme aussi abject.
Qu« on s’invente de nouvelles idoles en remplacement d’un dieu unique enfin mort, cela ne fait aucun doute, mais la multiplication même des idoles ne constitue pas un danger. Le polythéisme grec ou romain était tout à fait pacifique : les gens instruits et les philosophes ne croyaient évidemment pas plus que nous à tant de divinités de pure fantaisie, mais les histoires qui les faisaient exister constituaient des points de repère dans la vie de la cité. Les Romains revenant de leurs conquêtes rapportaient dans l’empire les dieux des peuples lointains (culte d’Isis, par exemple) et ils n’ont persécuté les chrétiens dont ils auraient aussi bien intégré le culte si ces derniers n’avaient pas eu la grossièreté de vouloir cracher sur les anciens dieux et même de renverser leurs images. Quand on exige de Gervais et Protais (ils ont leur église à Paris), sans leur demander de renier leur foi chrétienne, d’attester au moins qu’ils reconnaissent les dieux de la cité, ces deux crétins refusent.. Les magistrats, qui n’ont pas particulièrement envie de les persécuter sont terriblement embêtés ; on leur explique que leur entêtement est ridicule, risque de leur coûter cher, mais comme ils s’obstinent, à la fin, il faut bien appliquer les lois de la cité qu’ils prétendent bafouer, et les mettre à mort. La manière dont Tacite parle des chrétiens dans ses »Annales" est très éclairante. Il déplore que Néron leur ait fait subir des traitements atroces, mais il parle d’eux avec le même mépris qu’on aurait aujourd’hui pour la dernière des sectes habile à recruter les plus cinglés.
Je n’ai pas lu le texte que vous évoquez ; mais il y a quand même longtemps que mets en application ses principes et que je préfère le pensée et le scepticisme qui l’accompagne toujours, aux certitudes imbéciles de la croyance.