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Commentaire de Renaud Bouchard

sur Tout pour la France ? L'amnésie collective


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Renaud Bouchard Renaud Bouchard 26 août 2016 10:24


A tous les lecteurs, ce billet remarquable, écrit par Marc Traversy, lu ici :
http://ripostelaique.com/sarkozy-va-t-ramener-bhl-valises.html

Il y a tout de même quelque chose de symptomatique d’un régime en fin de course, que de voir un type comme Sarkozy remuer et brasser l’espace politique à un point tel que c’en devient franchement insupportable. Ainsi, le grand homme qui se lance sous le signe de l’identité française « a écouté », puis finalement « a décidé » : parce que « La France mérite qu’on lui donne tout ! »

Première partie :

Il ne reste qu’à remonter les marches de l’Élysée… On croit rêver !

Petit rappel d’histoire récente…

Voguant sur le surf de son impressionnante campagne de 2007, comme si le temps s’était arrêté à ce face à face avec Ségolène Royal et ce knock-out historique qui voient la candidate s’anéantir d’elle-même, Sarkozy croit qu’il peut répéter sine die le même éternel enfumage populiste en prenant les Français pour des tarés !

Au lieu de ça, il doit se rattraper et galérer comme un convulsif en perte de vitesse ; un pathétique de « l’ivresse du pouvoir » exaspérant le peuple de France qui ne peut simplement plus le blairer…

Politicien de l’imposture et de l’audace obsessionnelle, Sarkozy traine derrière lui des boulets de canonnade. S’il fallait ouvrir le placard de ce parvenu, il y aurait davantage de squelettes que dans l’ossuaire de Denfert Rochereau : affaires des écoutes, financement Libyen, Bygmalion, Karachi, Bettencourt, Tapie, ne sont que la pointe d’un iceberg qui n’en finit plus de couler ; sans parler des jets privés, yachts et Riads arrosés aux pétrodollars Qataris : que de la frime et du vent pour arriviste mégalomane !

Progressivement confiant et rasséréné sur ses capacités de mimétisme, puis débordant de l’enthousiasme alcoolisé de l’aventurier, Sarko le magnétique, l’arrangeur de programme, le surdoué de l’énergie, le marathonien de la force d’endurance, impose son rythme infernal à tous ses proches qui n’ont d’autre choix que de suivre la majesté dans son évolution dialectique : « Je suis une Ferrari » disait-il à ses conseillers…

En tout cas, cette métaphysique de l’énergie pure et de la volonté ambitionelle, BHL lui, l’aura bien comprise, et saura s’en accaparer le moment venu en utilisant tous les leviers du personnage au gré des failles et faiblesses…

BHL – le « plus grand philosophe français », un de ceux ayant bâti toute une œuvre sur la haine absolue d’une France qu’il ne ramène qu’à une « idée » structuraliste et post-moderne, sorte de catégorie flottante droit-de-l’hommiste pénétrant les strates des « damnés de la terre » à grands coups de « droit d’ingérence » – embarque dans la danse et martèle le discours dominant…

Parce que telle doit être la « France éternelle » sortie de la plume du fossoyeur… Et telle est la France que ce manipulateur de concept vend systématiquement depuis Mitterrand à tous les présidents sous les ors feutrés du palais : il vend sa « France noire », cette France « au visage d’ordure » et « à la ménagerie de monstres qui l’habitent »… Dixit !

En effet, l’homme-à-la-chemise-Charvet-dans-les-ruines-du-champ-de-bataille, refusant obstinément d’admettre que nous sommes désormais dans le monde de Samuel Huntington et non plus dans celui du prophète Jonas, fait la guerre en philosophe ; une guerre cérébrale ; « l’Espoir » de Malraux en apex de carrière ; une guerre « culturelle » comme on en faisait au temps de Voltaire, autre éminent conseiller du prince : Messieurs les Français, tirez les premiers !

BHL s’amuse !

Et Sarkozy embarque !

Tel un courtisan d’Ancien régime approchant le monarque, nul ne saura à quel point ce BHL, vieille connaissance bling bling d’autrefois, Arielle et Carla au pas de deux, la Zahia en ligne de mire, accaparera les premières volontés d’un Sarko rêvant de lire son panégyrique dans les colonnes du Point : tout en ne perdant pas le cap de l’après-mandat, ne voulant surtout pas manquer le coche du gotha post-partum…

Combien y aura-t-il d’exemples de ces souverains tombés, comme ça, sous la coupe d’intrigants à la remorque du soubassement ? Des rois qui prirent des décisions sur un coup de tête de la jarretière pour se mettre subito au service de l’oracle, trop content d’en retirer les odes de l’immortalité…

Mais parlons plutôt comme le philosophe…

Démonstration : Rien de plus beau que de voir la pensée désarmée, conduire le bras armé et mener le peuple là où la raison l’appelle…

Axiome : l’oracle conseille donc au prince de monopoliser toutes les forces vives de la nation pour venir à la rescousse des djihadistes de Cyrénaïque… au nom des « droits de l’homme ! »

Corolaire : le prince n’hésite pas un instant à attaquer un pays pour faire empaler le chef d’État qui lui avait financé personnellement sa campagne… au nom du « droit d’ingérence ! »

Ces guerres justes – là c’est BHL qui parle – ne sont pas moins inhumaines que les autres, mais au moins s’y trouve-t-il une passe obscure vers la grandeur où il appartient aux écrivains, et sans doute à eux seuls, de porter la plume… (sic) !!!

Tout ça est bien Romantique – la Stendhalie en embuscade – sauf que cette aventure du tandem Sarko/BHL aura été sans contredit la pire décision politique jamais entreprise de mémoire d’homme : le genre de momentum qui provoque la chute de la falaise… Une décision qui, par son effet d’entrainement et son gigantesque appel d’air ouvre les vannes de la conflagration, au moment où cet infâme « Printemps arabe » commençait justement à être liquidé dans l’Égypte du général Sissi, contenu en Tunisie, tué dans l’œuf en Algérie, et s’apprêtait à connaitre le même sort dans une Libye reprise en main par le fils Kadhafi…

Cette destruction de la digue libyenne entrainera, comme on le sait tous, une colossale trainée de poudre islamisto-djihadiste du Mali en Centrafricaine, et du Nigéria en Irak, participant directement à la création de l’État Islamique et de ses affidés… Un immense crescendo en amont !

Et bien entendu, ce sera de Libye que partiront les premières vagues de « migrants », ou plutôt l’invasion coordonnée d’une soldatesque mauresque nous refilant ses plus beaux spécimens mâles dans la force de l’âge, débarquant iPhone en main, ready pour le positionnement…

Restait la Syrie !

Mais si les médias dominants pétris du sacro-saint dogme sectaire « droit-de-l’hommiste » avaient cessé dès le début, de lobotomiser sans relâche l’opinion publique occidentale sur cette fameuse « opposition démocratique » qu’il fallait à tout prix protéger (dont BHL martela la propagande continuellement), le régime alaouite, avec l’aide qui s’imposait, venait à bout de cette énième colonne islamiste en un tournemain…

… et l’enfer civilisationnel dans lequel nous sommes plongés pour toujours était évité aux forceps. La « nature immanente des choses » comme disait Clémenceau, aurait nécessairement repris ses droits !

Mais qu’est-ce que la « Realpolitik » pour ces deux garçons de la Jet, BHL et Sarko, qui, pendant cette guerre, remuaient davantage les officines du PAF et des mags people que les chaumières des chancelleries  ?

C’était quelque chose de voir ces têtes d’enterrement d’Henri Guaino ou d’Alain Juppé, surpris, hésitants, déconcertés, ne sachant trop quoi répondre et obligés de défendre une politique qu’ils n’auront jamais vu venir, pendant que BHL, le larron en foire, trimballait les « Massoud Libyens » dans les salons feutrés des palaces-hôtels autour d’un « scotch on the rocks », afin de mieux les faufiler nuitamment par porte secrète dans « des réunions à la bougie » à l’Élysée avec l’autre larron, entouré de deux ou trois sherpas dans le secret : Nous sommes dans Game of Thrones !

Suffit de peu au fond, pour faire basculer une civilisation !

En vérité, pour BHL, le jeu en valait la chandelle : outre la « postérité », un livre, « La guerre sans l’aimer » (quel titre bidon), dans lequel il vante tout ce strass politico-évènementiel… Claude Lanzmann qui en a vu d’autres, s’offusque lui-même de cette dangereuse mégalomanie : « Bernard, il faut que tu t’arrêtes, tu n’es pas le maître du monde… » Les historiens du futur sauront remettre les pendules à l’heure : nous aurons certainement droit à un des plus grands fossoyeurs intellectuels de notre époque… Son héritage posthume est déjà bouclé !

Suite...


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