L’intégrisme et la xénophobie qui entrent en guerre, c’est la République qui perd des plumes.
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Votre formule est assez malheureuse : vous mettez sur le même plan les deux phénomènes. Or, ce que vous appelez xénophobie n’existe ici que par réaction à un intégrisme qui n’a pas laissé, ce me semble, de faire ces derniers mois la preuve de sa dangerosité. Le Bataclan, Nice, c’est quant même autre chose que de simples invectives échangées sur la place publique.
Je vis à Paris depuis vingt ans au milieu du quartier « chinois » de Belleville. Je n’y ai jamais été témoin de propos ou d’actes qu’on pourrait qualifier de « xénophobes » ; comme j’y croise plus de « Chinois » que d’Européens, je suis presque étonné, quand je vois mon reflet dans une vitrine, de n’avoir pas moi aussi les yeux bridés. Les religions des Chinois les induisent-elles au fanatisme ? Ils peuvent bien déposer des oranges et faire fumer de l’encens devant les petits temples dorés à l’entrée de leurs restaurants ou de leurs magasins, personne ne s’en offusquera parce qu’eux-mêmes sont les premiers à s’amuser de traditions qui se perdent dans la nuit des temps. Avant que les antennes paraboliques viennent déverser la prédication made in Qatar des Qaradâwï et consorts, les musulmans ne suscitaient pas de réactions plus hostiles, et le promeneur n’avait pas l’impression d’être vu comme un « kafir ». Ce n’est évidemment plus le cas.
Si vous imaginez qu’on évitera la guerre civile en accordant aux Frères et aux salafistes tout ce qu’ils demandent, qui est, à terme, comme dans le Coran et comme partout au Moyen-Orient, notre extermination, vous tombez dans la même erreur que les socialistes. Leur politique peut très bien se résumer dans cette formule de la Comtesse du Barry au pied de la guillotine : « Encore une minute, Monsieur le Bourreau ! ».