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Commentaire de Paul Leleu

sur Alain Finkielkraut, L'identité malheureuse


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Paul Leleu 6 septembre 2016 18:06
A mes yeux, Alain Finkielkraut n’est qu’un pur produit de la stupide et légendaire « école méritocratique française » des 3-4ème républiques, qui a engendré des générations de bons petits cadres pour le système capitalo-colonial de l’époque... 

« Notre culture » n’avait de « rayonnement dans le monde » que parce-que notre empire s’imposait à coup de massacres, de traite, de déportation et d’exploitation à d’autres peuples... Notre empire pâlit et notre « culture » avec... Ce qui laisse supposer que cette « identité culturelle » n’était pas si « naturelle » que ça, si le peuple la perd quand le pouvoir recule !!! Bref, Finkielkraut tend à prouver malgré lui contraire de ce qu’il cherche à démontrer !!! 

Finkielkraut est la figure du « penseur autorisé » depuis le gauchisme jusqu’à la réaction... suivant en cela les âges de la vie de sa génération de baby-boomer sans respect ni recul... gauchistes à 20 ans en 68, et réactionnaires 50 ans plus tard... 


Dans les faits, votre exposé révèle certaines erreurs assez grossières qui minent encore plus la démonstration. 

- la « galanterie » française, elle est surtout un phénomène littéraire de l’élite... elle est surtout présente dans les sélections « Lagarde et Michard » qui biberonnaient les élèves d’il y a 50 ans à l’école républicaine... Le peuple français n’était guère plus galant que les musulmans d’aujourd’hui... 

- le Romantisme n’est pas né de la Révolution française... c’est un phénomène culturel européen né avant la révolution française (comme en Allemange par exemple). Ce qui est sûr, c’est que la Révolution et le Romantisme sont nés d’un même changement social profond et sous-jacent. 

- En outre, le Romantisme n’est pas un programme politique... il est un phénomène culturel témoin d’une mutation des sociétés européennes à cette époque. Il recèle donc en lui toutes les orientations politiques et préoccupations a-politiques... 
Par exemple, l’internationalisme et l’universalisme sont autant présents que le nationalisme, le royalisme et le particularisme... De même que le collectivisme ou l’individualisme, ou même souvent l’indifférence à la société des hommes (l’errance romantique s’inscrivant en marge de toute appartenance sociale)... Sans compter le simple esprit d’aventure exotique ou de libertinage... On est très loin de « l’identité nationale » unanime !!!! 

- Il est inexact historiquement d’assimiler la première vague romantique d’identification populaire et individuelle avec le nationalisme. En effet, en se saisissant de notions « populaires » les intellectuels, les artistes et les politiciens du premier romantisme veulent manifester un être émancipé qui ne répond plus aux cardres despotiques et cléricaux. La formulation d’un « nationalisme identitaire » politique n’interviendra que beaucoup plus tard, après les guerres napoléonniennes et surtout après le reflux des révolutions de 1848. Mais d’ailleurs, dès cette époque des esprits éminents comme Heinrich Heine mettent profondément en garde contre cette pseudo-identité folklorique qui n’est qu’un nouvel encadrement social au service des puissants... et qui conduira aux boucheries de 1914-1945 qui sont cent fois pires que « les excès de la révolution » (c’est dire)...




Maintenant, j’ai une question : une « identité nationale » supposée naturelle au peuple n’est-elle pas supposée résister au changement politique ? 

En clair, comment le recul du pouvoir peut-il entrainer un recul de la « culture naturelle » des peuples ? Précisément, la culture naturelle devrait refaire surface à l’occasion. 

Ce qui apprait, c’est que les « cultures naturelles » ne sont que les construction hagiohraphiques des puissants, destinés à encadrer les peuples qui leur obéissent... La « culture » telle que nous l’entendons (lettres, arts, histoires, philsophie, etc.) ne concerne qu’une très petite quantité de personnes à travers le monde. Bref... le peuple préfère Michel Drucker que Pierre Ronsard ! 

Mais je vous rassure, l’islam n’est pas plus une identité naturelle aux arabes... c’est un « truc » qui sert à les soumettre... utile au temps des Califes, utile au temps des Colonies, utile au temps de Pétromonarchies... Et d’ailleurs, on voit comme le nationalisme arabo-islamique est extrêmement dangeureux et peut conduire à d’horribles guerres et massacres à venir. 

Il me semble que l’homme de culture sait que tout cela n’est que le tumulte du monde. Ce qui demeure, c’est la vie, vivante, rayonnante, et aspirant à la lumière. Et tout cela, indépendammant des carcans sociaux imposés par les tyrans d’ici et d’ailleurs, avec la complicité d’une partie assez médiocre des populations (il y a toujours des collabo et des douteux sous tous les régimes). 

Il me semble aujourd’hui plutôt important de formuler de nouveaux horizons culturels correspondant aux « résistances intérieures » qui brillent en chaque individu... Ces résistances intérieures ne sont pas des références livresques ou muséifiantes, mais des élans vivants qui demandent d’être formulés dans des langues de notre temps... voilà quelle fut la démarche des premiers romantiques... 



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