@Nicole95
Je suis un peu réactionnaire, j’ai en horreur ce que la révolution française aura pu produire dès la fin de l’été 92, et j’ai la plus grande admiration pour la monarchie française du grand siècle. C’est comme ça !
Il reste qu’il ne faudrait quand même pas trop idéaliser ! Le droit de vote des femmes, c’est 46, et je ne sais plus très bien à partir de quand il leur aura été possible d’ouvrir un compte en banque sans l’approbation du conjoint. Ne parlons pas du droit à l’avortement, qui est un acquis relativement récent. Dans le village berrichon de mon enfance, quelques petites voisines avaient fait hors mariage un pèlerinage à Notre-Dame-du- Gros- Ventre (j’aime bien cette expression qu’on trouve dans Maupassant) et je vous assure que les « filles-mères », comme on disait encore dans les années 50, étaient un peu regardées de travers.
En droit, aujourd’hui, l’égalité est tout à fait parfaite ; j’ai été prof pendant près de quarante ans, je n’ai jamais vu dans cette corporation qui n’est certes pas à l’abri de tout reproche, la moindre différence entre la manière dont les femmes et les hommes pouvaient y être traités, mais vous savez bien que dans le privé, ce n’est pas tout à fait la même chose, particulièrement en ce qui concerne les salaires. Cela dit, il n’y a plus qu’à attendre une réforme des mentalités qui se fera bien toute seule : au plan jur’idique, tout est déjà presque parfait.
Je vous accorde bien volontiers qu’en dépit de ces inégalités qui auront trop longtemps subsisté, la place et le rôle des femmes en France, du moins dans les milieux privilégiés, aura toujours été considérable, bien avant les salons littéraires du XVIIIe siècle et même bien avant le courant précieux. Il faudrait probablement remonter à la littérature courtoise du XIIe siècle.
Dans la Rome impériale aussi les femmes jouissaient déjà, de fait, d’une grande liberté, malgré un statut juridique qui ne leur était pourtant pas très favorable.
Bien que je sois réactionnaire, comme je le disais en commençant, je n’irai quand même pas jusqu’à considérer qu’une femme de paysan ou d’artisan, vers 1670, pouvait être aussi libre qu’une Madame de Sévigné ou une Madame de La Fayette ou, plus tard, qu’une sublime catin comme Ninon de Lenclos !
Cela dit, je vous accorde bien volontiers qu’entre une Française quelconque du XVe siècle et une citoyenne de l’Arabie saoudite actuelle - ou de l’Iran !-, du point de vue du statut social et des libertés, aucune comparaison n’est possible : c’est le jour et la nuit.