Pour comprendre la berbérité revendiquée par Eric Zemmour et son aversion pour les Arabo-musulmans.
Article de la rubrique les
deux rives de la Méditerranée > les «
populations » de l’Algérie coloniale - 18
octobre 2007 - LDH TOULON
Brève histoire des juifs
d’Algérie reprise de l’ouvrage « D’une rive à l’autre - La guerre d’Algérie, de
la mémoire à l’histoire » de Hassan Remaoun et Gilles Manceron
Les Juifs étaient parmi les
plus anciennes populations d’Afrique du Nord où ils vivaient très probablement
déjà à l’époque de Carthage et certainement deux siècles avant notre ère. Si,
pendant l’été 1962, à la fin de la guerre d’Algérie, quelque 140 000 Juifs se
sont trouvés mêlés aux « rapatriés » arrivant en France, ils avaient
une histoire différente de celle des Européens d’Algérie. A l’époque romaine et
au début de l’expansion du christianisme, les Juifs du Maghreb étant prosélytes,
des tribus berbères s’étaient converties au judaïsme, si bien que les Juifs
d’Algérie se définissaient volontiers comme « Juifs berbères ». Quand
les Arabes étaient arrivés au VII-ème siècle, les Juifs, comme les chrétiens,
étaient devenus des dhimmi, c’est-à-dire des membres de communautés protégées,
faites de gens du Livre, mais aussi des sujets de seconde zone, puisque le
statut du dhimmi était à la fois un statut de protection sans comparaison avec
celui, à la même époque, des minorités religieuses de l’Europe chrétienne et un
statut inégalitaire. [...]
[...] A partir de 1845-1850, les Juifs
d’Algérie, soutenus par les libéraux et des notables musulmans, avaient
commencé à revendiquer la citoyenneté française. Elle leur avait été accordée
d’abord par Napoléon III, par le sénatus-consulte de mars 1870, puis, après la
proclamation de la République, par le décret connu sous le nom de décret
Crémieux, précisé en octobre 1871 par l’Assemblée nationale.
Tout de suite contesté par
l’armée et les Européens de « souche » qui en ont réclamé l’abrogation,
ce décret a été la cible d’un antisémitisme extrêmement virulent qui a connu
une forte poussée au moment de l’affaire Dreyfus, les suffrages des Européens
d’Algérie offrant aux antisémites déclarés, dans les années 1894-1902, leur
seule représentation parlementaire. A Oran, en 1895, à la suite d’une campagne
déclenchée par un Belge devenu français, Paul Bidaine, un parti antisémite
s’est emparé, entre 1896 et 1905, du conseil municipal, soumettant les Juifs à
des mesures vexatoires et faisant régner un climat de haine conduisant en mai
1897 à des journées d’émeutes accompagnées de violences et de saccages. A
Alger, en 1898, alors que le chef de file des antisémites était un immigré
italien, Maximiliano Milano dit « Max Régis », maire d’Alger et
président de la Ligue antijuive, Édouard Drumont était élu député, tandis qu’à
Constantine, le maire, Émile Morinaud, licenciait les employés municipaux
juifs. Cet antisémitisme avait persisté dans les années précédant la guerre de
14 et repris dans les années 1920 avec les Unions latines […]