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Commentaire de Massada

sur Les ombres du 11 septembre


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Massada Massada 12 septembre 2016 17:40

@auteur


« Les USA portent une écrasante responsabilité dans la montée en puissance du djihadisme. »

On exagère beaucoup trop, et même, on invente, le rôle des interventions américaines dans l’apparition de l’anarchie djihadiste. Le phénomène a beaucoup plus de profondeur historique que ça, et l’interventionnisme américain n’est pas véritablement causal.

L’islamisme est apparu pratiquement en même temps que le nationalisme arabe, à la veille de la décolonisation, et constitue un courant de pensée, un projet politique alternatif du monde arabo-musulman. Depuis cinquante ans, les deux courants luttent. 

L’islamisme a failli l’emporter en Algérie dans les années 1990, mais au terme d’une guerre civile où furent perpétrés des massacres n’ayant guère à envier ceux de Daech, le gouvernement a réussi à mettre un couvercle de plomb sur la marmite.

Et si Saddam avait toujours été là en Irak, en 2011, et que les USA ne l’avaient pas renversé huit ans plus tôt ? Il aurait eu alors près de 75 ans. Croyez-vous qu’il aurait mieux tenu son pays qu’Assad ?

Réfléchissez en effet que la fracture confessionnelle de l’Irak est à peu près l’inverse de celle de la Syrie : un quart de sunnites pour trois quarts de chiites. J’ajoute que l’armée syrienne était composée en 2011 de 200 000 hommes pour une population de 22 millions d’habitants, contre 300 000 hommes pour l’armée de Saddam en 2003 pour une population de 33 millions d’habitants, donc la même proportion.

En outre, l’Iran, qui s’est réjoui de l’arrivée au pouvoir en Egypte des Frères Musulmans de Mohammed Morsi, aurait soutenu le « Printemps » en Irak, et excité les chiites d’Irak contre Saddam. Résultat : la fracture chiites/sunnites serait apparue de la même manière, avec un arc sunnite, à cheval sur la Syrie et l’Irak, soutenu par l’Arabie Saoudite dans le cadre de sa lutte d’influence contre l’Iran.

Il est donc erronné de voir les Etats-Unis fondamentalement responsables de l’évolution actuelle du Moyen-Orient. C’est essentiellement un processus interne, sur lequel l’Amérique est venue greffer un interventionnisme impuissant, inutile et coûteux.




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