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Commentaire de Jérôme

sur Le miracle, c'est d'y croire


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Jérôme (---.---.73.253) 18 avril 2006 10:47

Messieurs,

1) Il ne faut pas ’déifier’ la science, qui répond au comment, mais pas au pourquoi. Jamais la science ne pourra dire ce qui existait avant le ’Big Bang’ (si tant est que cette théorie soit valide) tout simplement parce que la théorie scientifique actuelle nous apprend qu’« avant » le Big Bang, le temps n’existait pas - cela, Saint Augustin l’avait « trouvé » par l’utilisation de sa raison au 4ième siècle. La science ne permet pas non plus d’expliquer l’existence de l’univers - si la plupart des scientifiques agnostiques admettent le hasard comme explication, c’est tout de même un acte de foi aussi grand (probablement plus d’ailleurs) que de croire en Dieu. Opposer la Raison et la Foi est donc un hors sujet (assez classique). Par ailleurs, si de nos jours un certain nombre de scientifiques sont athées, il en existe un grand nombre qui ne le sont pas.

2) Sans entrer dans un débat qui pourrait être trop long sur le Saint-Suaire ou autres ’miracles’, je me permets de vous faire savoir que, contrairement à ce que laissent entendre un grand nombre de revues de vulgarisation scientifiques, le Saint-Suaire a fait l’objet de nombreuses études scientifiques et qu’il est un peu court de dire qu’il s’agit d’une mystification. On est est loin au-delà. Malheureusement, un certain nombre de gens font passer leurs convictions avant l’évidence scientifique. Or il semble très raisonnable, scientifiquement, de penser que le Saint-Suaire n’est pas une ’arnaque’. C’est, de ce point de vue strict, une énigme, un défi à la science. C’est tout ce que l’on peut dire. Ceux qui prétendent qu’il s’agit d’une arnaque (parce qu’ils ne supportent pas de ne pas pouvoir expliquer son existence sur la base des connaissances actuelles de la science) ou qui en concluent qu’il s’agit du linceul du Christ passent ensuite (sans le dire) du domaine de la science à celui de la Foi - athéée ou chrétienne, c’est selon.

3) Je n’ai pas vu l’émission de la RTBF, mais je vous renvoie à la protestation des évêques Belges, qui considèrent que l’émission était extrêmement partiale et pour le moins très peu scientifique !

Lettre ouverte au Directeur de l’Information et de l’Ethique de la RTBF

concerne : Emission « Questions à la une » - Miracles ou arnaques ?

Monsieur le Directeur de l’Information et de l’Ethique de la RTBF,

Cela fait quatre ans que je suis porte-parole des évêques de Belgique. C’est la première fois que je me vois contraint de dénoncer publiquement une émission. Celle-ci ne fut pas diffusée par quelque TV-poubelle prête à tout pour doper l’audimat, mais par la « Une », notre chaîne de service public, dont j’apprécie habituellement la qualité et le professionnalisme des journalistes.

Si le second sujet diffusé ce mercredi soir dans « Questions à la une » - Comment devient-on saint ? - était simplement malveillant (caricature du fondateur de l’Opus Dei, bribes d’interviews sorties de leur contexte de personnes se livrant en toute confiance, et désintérêt suprême pour le cœur du sujet : la sainteté chrétienne), le premier sujet - Miracles ou arnaques ? - a, quant à lui, dépassé les bornes du déontologiquement acceptable.

Il est en effet peu déontologique pour un journaliste de discréditer les guérisons de Lourdes sur la simple parole d’un « expert » présenté comme historien, sans préciser que cette personne est membre d’un petit cercle ultra-rationaliste (« le Cercle Zététique, l’association des sceptiques français ») ayant pour but de pourfendre le surnaturel (cercle auquel se rattache également le second « expert » disqualifiant le suaire de Turin). Face à l’évidence flagrante que tous les miracles de Lourdes ne sont qu’une arnaque, notre journaliste aurait dû porter l’estocade en confondant le médecin en chef du sanctuaire.

« Miraculeusement » pourtant, la question est épargnée au brave docteur et le téléspectateur non averti reste sur l’impression de médecins au mieux imbéciles (qui examinent la mauvaise jambe d’un miraculé !) au service d’une Eglise pour le moins complice d’escroquerie.

Bref, il me semble que l’arnaque n’est pas là où on croit, mais dans le reportage lui-même. Comme je crois en la liberté de la presse et aux vertus du libre examen, j’en appelle donc, soit à un débat, soit à reportage de contre-enquête - diffusé à la même heure de grande écoute et avec un identique renfort de bandes d’annonces.

J’oubliais un dernier « miracle » : Le réalisateur des deux reportages m’avait demandé avec insistance un interview du Cardinal et/ou de Monseigneur Léonard pour son émission. Il m’assurait qu’il voulait faire une enquête honnête et - comme le dit l’émission - « sans partis pris ». Jouant la carte de la confiance avec la presse, j’ai convaincu l’évêque de Namur de se rendre disponible. Celui-ci s’est déplacé à Beauraing pour un interview d’une heure et demi... dont « miraculeusement » rien ne passe à l’écran. Je m’interroge : S’agissait-il uniquement d’obtenir l’intervention d’un évêque de Belgique comme caution pour se faire ouvrir des portes ailleurs, ou les propos de Monseigneur Léonard étaient-ils trop intelligents pour être retenus à l’antenne ?

A l’heure ou la RTBF négocie le renouvellement de son contrat de gestion en faisant appel à la confiance du public, ce genre d’émission - diffusée de surcroît avec indélicatesse à l’approche de Pâques - n’est pas du genre à augmenter la confiance des catholiques en leur télévision de service public. Et croyez-moi, je suis le premier à le regretter.

Eric de Beukelaer, Porte-parole des Evêques


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