• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Onecinikiou

sur Quelques vérités chiffrées sur l'immigration


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Onecinikiou 26 septembre 2016 16:22

@Elliot


Votre raisonnement est inepte car de courte vue, typique des néolibéraux : si en effet d’employer une masse de travailleurs sous-payés conduit dans un premier temps à baisser les coûts de revient et à limiter l’inflation, dans un second temps cela conduit à une baisse du pouvoir d’achat, de la consommation et donc de la demande. 

D’autre part, dans une periode de chômage endémique, cela contribue à tendre un peu plus qu’il ne l’est déjà le marché du travail (c’est d’ailleurs là le but), augmenter par conséquent ce chômage ou tout du moins empêcher son reflux, ce qui augmente ou maintien son coût social (décrochement, conduite à risque, maladie etc...) et son coût financier sur les comptes publics (déficits structurels) et la compétitivité (cotisations élevées). 

Sans compter évidemment qu’un chômage important induit inévitablement un rapport de force capital-travail déséquilibré au bénéfice de ce premier, selon la règle bien comprise de l’offre et de la demande. Ce qui pèse nécessairement sur la redistribution, l’actionnariat étant en position de force pour refuser tout compromis en sa faveur, ce qui ne manquera pas de gréver là encore tant la demande que les finances publiques. Ce sont les caracteristiques d’un cercle vicieux. 

C’est exactement le même genre de raisonnement aberrant qui a consisté depuis les années 80 et le tournant néolibéral à considérer qu’il était préférable de délocaliser tout ou partie de la production de biens manufacturés dans les pays à bas coût de production - ce qui supposait au préalable d’abattre nos frontières économiques et supprimer nos barrières douanières, et de démanteler nos législations en la matière sous le haut patronage de nos dirigeants corrompus - dans le but d’escompter une baisse des prix et une augmentation du pouvoir d’achat. 

Outre qu’une part substencielle du gain de productivité ainsi créé fut absorbée par une hausse toujours croissante du rendement du capital (il ne faut pas rêver), absolument vérifiable sur la période, ce pari fut perdu pour plusieurs raisons cumulatives :

1/ L’idée d’une contre-partie qui consistait à écouler nos productions à haute valeur ajoutée aux pays émergents, principalement asiatiques, se révèle une illussion. Comment croire en effet que des pays où la main d’oeuvre est formée, qui profitent d’autant plus de leurs excédents commerciaux qu’ils dégagent grâce a leur intégration au marché mondial (au regard des déficits gigantesques qui s’accumulent au sein des pays occidentaux, qui sont les dindons de la farce de la globalisation) pour investir massivement en particulier dans l’éducation (voir classement Pisa), comment croire que ces pays allaient se contenter d’acheter servilement ces produits alors qu’ils étaient de plus en plus en capacité de les produire eux-mêmes... ? Poser la question c’est y répondre : la Chine produit désormais localement des TGV, la Corée du sud des réacteurs nucléaires etc..., auatnt de pays qui taillent des croupieres aux industries occidentales (Allemagne mise à part mais pour des raisons contingentes), renforçant par la même le chômage, la désindustrialisation et les déficits.

2/ Les délocalisations qui sont inhérentes à ce modèle d’externalisation de la production ont, au même titre que l’immigration massive qui a joué objectivement le rôle de « délocalisations importées », provoqué l’avènement d’un chômage endémique avec tout ce qu’il charrie et qui a été dument rapporté : baisse de la consommation et du pouvoir d’achat, déficits jumeaux (commercial et budgétaire), endettement tout azimut ; le salariat occidental se trouvant ainsi pris entre le marteau et l’enclume.

Tous ces phénomènes - compression de la masse salariale et libre-echange mondial non régulé - se cumulent et conduisent à ce que E. Todd appelle un capitalisme à basse pression salariale, générant de fait un déficit chronique de la demande lui-même conduisant, afin de maintenir un semblant de pouvoir d’achat et conserver un « effet richesse » des populations en voie de paupérisation accélérée, à un recours massif au credit.

Vous avez là résumé le processus parfaitement mortifère qui a conduit notamment à la grave crise mondiale de 2008, qui ne fut autre que l’explosion de la bulle de crédit susmentionnée. Merci qui ?

Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès