@Fergus
Bonjour Fergus,
Au regard de l’histoire, faire du mot gitan un terme
générique est une aberration.
Pour remplacer les mots Romanichels et Bohémiens,
nous avons déjà eu droit au vocable administratif de « gens du voyage »,
dont chacun s’accorde à souligner l’ineptie.
Nous ne pouvons pas confondre Manouches et Gitans
qui – même s’ils ont la même origine – ont enrichi différemment leur histoire et
leur culture en empruntant des routes différentes lorsqu’ils ont quitté le nord
de l’Inde. Cette mosaïque culturelle ne devrait pas permettre de confondre les
deux communautés dont les modes de vie diffèrent, ne serait ce que la
sédentarisation est plus marquée chez les Gitans que chez les Manouches et que
leurs musiques sont notablement différentes.
Bien entendu, on sait
combien nos édiles, jusqu’aux plus hauts niveaux, ne se gênent pas pour stigmatiser ces
familles, pour proférer des amalgames et des généralités fondées sur leur
ignorance. La conséquence en est que le mot manouche est devenu péjoratif aux yeux
de certains et les journalistes ont décidé d’intituler leurs papiers ou leurs
émissions grand public sous des titres aussi contestables que « La vrai
vie des Gitans ». Et là, nous assistons à un grand n’importe quoi basé sur
des stéréotypes mis en scène avec une illustration sonore hilarante : musique
gitano flamenca sur des images portant sur les familles Manouches de l’est de
la France. A quand du biniou sur les reportages au Pays Basque ?
Quand au mot Rom, il s’applique
malheureusement aussi à l’emporte pièce alors qu’il ne devrait désigner que les
populations Tsiganes d’Europe centrale. Je rappelle toutefois que lors du
premier congrès mondial des Tsiganes en 1967, les délégués ont rejeté les termes Tsiganes,
Zigeuners, Gitanos, Gypsies pour adopter celui de Rom ou Rrom. Cela ne fait qu’entretenir
l’ambigüité dans l’esprit du grand public alors que les Manouches et les Gitans
ne se reconnaissent pas dans ceux que l’on appelle Roms. Et pour cause :
ces Roms sédentaires de Roumanie et de Bulgarie fuient la misère et le rejet dans
leur pays alors que les familles de « gens du voyage » ont la
nationalité française depuis parfois plus longtemps que leurs plus ardents
détracteurs.