@Christian Labrune
Le progrès civilisateur promet de libérer de la fatalité l’homme
besogneux puis laborieux, en le guidant vers la richesse en tout,
sur le long chemin passant par le travail pour aboutir aux loisirs et
enfin, suprême félicité, aux arts. Parmi ces derniers la poésie,
dont je doute que l’intelligence artificielle en soit pourvue. Dès
lors, que butinera le papillon quand les fleurs auront disparu ?
Car les choix algorithmiques de l’IA n’auront qu’en faire –
comme du papillon d’ailleurs, qui lui aussi disparaîtra, parmi
tout ce qui aura été produit, d’admirable ou non, depuis toujours
par la nature et depuis des millénaires par l’homme.
Le pragmatisme des robots ne s’accommodera-t-il pas plus aisément
des déserts, de la jungle et des champs de ruines qui remplaceront
ce que l’homme aura construit et se sera tant bien que mal efforcé
de sauver de l’ensablement du saccage et de l’oubli, que de
l’inconséquence de ce même homme ? Ne préférera-t’il pas des planètes incultes mais riches en minerais rares à notre bonne vielle Terre ?
La sensibilité dont l’IA pourrait faire preuve un jour, la
conduira-t-elle jusqu’à la spiritualité ? That’s the
transhumanist question ?
Je serais donc pour ma part, porté à m’en tenir à l’idée d’un
“naufrage”résultant de l’hubris ; de cette démesure
devant tout à un orgueil dont ne manquent ni le Pape ni Condorcet.
Pour revenir à la surpopulation, si nous n’y mettons pas un frein,
les robots remplaceront peut-être la multitude de ceux que leur
abominable confinement à la base de la pyramide sociale exclut de
cette perspective, d’autant plus nombreux qu’elle croît en
volume, mais il faudrait pour cela que l’homme cesse de proliférer.