Il y a comme une
sorte de vertige jouissif chez les plumitifs à accorder de
l’importance à un personnage qui a manifestement endossé un
costume de censeur ( dans son cas comme dans celui de son jumeau
biterrois Ménard il est difficile de parler d’arbitre des
élégances ) dont chacune des déclarations est auscultée à l’aune
des attentes des récipiendaires avides, à défaut du pain blanc
qui se fait rare, de leur dose de haine quotidienne.
La différence avec un Dieudonné, autre personnage que l’on adore haïr, c’est que ce dernier s’attaque par l’humour aux
intouchables institutionnels tandis que le chroniqueur de RTL cède à
la facilité et vomit sur ceux qui à force d’être vilipendés
doivent avoir développé pour la plupart une carapace d’indifférence mais aussi pour une infime minorité des formes de rébellion dont nous
mesurons les effets délétères.
Aussi bien l’un, l’humoriste, que l’autre, le polémiste, doivent pouvoir s’exprimer dans le débat public et
ce n’est pas parce que, pour l’un, le poids de la censure sévit - ce qui apporte d’ailleurs du crédit à ses thèses - que l’autre
devrait par réciprocité subir le même sort.
Ce qui n’est pas le
cas puisque Zemmour est maintenu par ses patrons à l’antenne et, en
dernier ressort, ce sont eux qui décident de ce qui est bien ou pas
pour leurs petites affaires.
Pour enrober sa
lessive caustique qui lave plus blanc que blanc de quelques enzymes
gloutons supplémentaires, Zemmour nous fait contre l’Islam un
remake de la guerre que menèrent le petit père Combes et ses amis
pour affirmer la légitimité de la république contre le
catholicisme royaliste et qui enfanta la loi de 1905, aboutissement d’un conflit entre adversaires usés par leur propre
virulence.
Sauf que l’on
n’entre pas dans le XXIe siècle avec dans le rétroviseur la fin
du IXXe pour se guider et que Zemmour dans son délire est à la fois
pitoyable et ridicule.