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Commentaire de Witiza

sur Nicolas Sarkozy et le temps de travail des enseignants...


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Witiza (---.---.155.197) 20 octobre 2016 16:24

@Spartacus

« et qu’on peut demander plus de travail effectif devant des élèves, principalement auprès des personnels expérimentés »

Je ne comprends pas pourquoi un professeur expérimenté pourrait ou devrait assurer plus d’heures devant les élèves. Je crois pouvoir déduire de votre argumentaire, que l’expérience créditée à ces personnels expérimentés leur permettrait, d’après-vous, d’effectuer les tâches qui leur incombent hors présence des élèves, plus rapidement et plus efficacement.

Enseignant de Français, depuis presque trente ans, je pense pouvoir m’inscrire dans cette catégorie des enseignants expérimentés : prenons donc immodestement mon exemple.
La mise en place d’une réforme du collège, complexe, concernant les quatre niveaux de classe du collège et privilégiant des stratégies et des postures pédagogiques sinon novatrices, du moins très éloignées de celles qui nous furent suggérées ou imposées par l’institution lors des nombreuse réformes précédentes -et en trente ans, j’en ai connu quelques-unes ! - me demande peut-être plus de temps qu’à un(e) jeune collègue récemment sorti(e) d’une ESPE, rompu(e) à ces approches. Il en va de même pour la maîtrise des nouvelles technologies et de leurs applications pédagogiques. Les réformes régulières des programmes, si elles ne demandent pas de faire table rase de tout ce que j’ai pu faire avant leur promulgation, me demandent là encore de remettre périodiquement l’ouvrage sur le métier. Bref ! Pour ce qui concerne le temps consacré à l’élaboration de mes progressions, du contenu de mes cours, l’âge ne fait rien à l’affaire : quand on naît long, on est long.


Pour ce qui concerne le temps de correction, je ne vois pas, là encore, en quoi l’âge et l’expérience permettraient aux professeurs de travailler plus rapidement. J’ai quatre classes sur les trois niveaux du cycle 4 (5è, 4è, 3è) soit, selon les années, entre 100 et 120 élèves. En admettant que je corrige seulement 4 travaux par mois, sachant que cette correction, pour une copie, dure en moyenne entre 7 à 10 minutes depuis sa première lecture jusqu’à la saisie du résultat décliné en note et en termes de maîtrise de compétence, nous arrivons à un total qui s’échelonne entre 46 et 80 heures mensuelles selon les variables retenues pour ce calcul. Ce temps est incompressible et l’âge n’aide en rien à accomplir cette mission de correction plus rapidement, bien au contraire (ma vue qui décline avec les années me la rend toujours plus pénible et longue à accomplir).

Enfin, toutes les autres missions que doivent assurer les enseignants sont insensibles aux facteurs âge et expérience. Une heure et demie de conseil de classe reste une heure et demie quelle que soit l’expérience accumulée par le professeur. Idem pour les conseils pédagogiques, les conseils d’administration, les conseils de discipline, les conseils d’enseignement, les stages de formation, l’encadrement du cross du collège, l’accompagnement de sorties pédagogiques sur du temps non travaillé, les réunions parents-professeurs, l’animation et l’encadrement des spectacles de la chorale, etc. je pourrais continuer cette liste à la Prévert, mais chacun aura compris qu’en aucune de ces réjouissances, le fait d’être un gros quinqua nerveux comme moi, n’est un atout ou un privilège.

Je ne comprends donc pas quelle représentation du métier d’enseignant, tel qu’il se pratique aujourd’hui, a pu vous laisser penser que l’âge et l’expérience permettraient de passer moins de temps à travailler chez soi et autoriserait donc à l’Institution d’exiger des enseignants chevronnés qu’ils travaillent plus d’heures devant les élèves que leurs collègues frais émoulus des ESPE

Bien cordialement

Jean-Noël W., professeur de collège


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