Contributeur à
Figarovox et Causeur !
Cela suffisait à éveiller ma méfiance
et pourtant j’avais tort.
C’est un article bien charpenté,
structuré sur le malaise des enseignants face à l’avalanche de
réformes dont ils ne perçoivent pas trop l’utilité sinon les
bonnes intentions dont l’enfer est, paraît-il, pavé.
A mon âge avancé,
je n’ai connu que la forme de l’enseignement traditionnel,
scolastique dont Renan disait méchamment qu’ " il est propre
à fermer l’esprit à tout ce qui est délicat " , transmise à
peine altérée du fond des âges.
Je mentirais si je
disais que je m’en suis trouvé bien chaque jour où j’ai usé
mes fonds de culotte sur mon banc, si parfois je ne comptais pas les
heures en attendant d’échapper à l’ennui d’un dressage
neuronal, cependant j’ai la faiblesse de penser que, de mes
humanités gréco-latines, il m’est resté quelque chose.
J’ai
connu des professeurs qui faisaient vivre l’Illiade ou l’Enéide
, qui donnaient à ces récits épiques une vigueur propre à
éveiller la rhétorique, des professeurs de français qui
transmettaient l’amour des belles lettres et du « gai savoir
« .
Je garde même un
souvenir ému de l’opération de survie que représentaient pour moi les matières scientifiques.
C’était l’époque
où on donnait la préférence aux esprits bien faits plutôt qu’aux
têtes bien remplies, bref fort éloignée de l’utilitarisme
triomphant aujourd’hui.
C’était aussi
l’époque où il était inimaginable de rencontrer un enseignant ne
maîtrisant pas l’orthographe ou la langue.
Sans doute
fallait-il ouvrir l’école sur le monde mais pas au point de la
laisser submerger par les fausses valeurs.
La société actuelle a
besoin d’exécutants et pas d’esprits forts qui contestent leurs
marionnettistes et on voit bien que, mesurée à cette aune, l’école remplit bien sa fonction de fabrique de crétins : il n’y a qu’à suivre les comportements électoraux pour se persuader de son efficacité ravageuse.
Ceux qui partagent
encore l’illusion que l’élite d’un pays est intellectuelle
sont de doux rêveurs totalement déconnectés de la réalité,
l’élite dans ce pays , elle fait du flouze, c’est son idéal, la
Rollex à 50 ans, le clinquant et le toc que génère l’argent
facile.
L’école est le
reflet de la société et la dépression nerveuse frappe une partie
de plus en plus importante de la population en mal d’exister ( puisque exister c’est se poser là dans sa flamboyante réussite ), elle ne se limite pas
aux enseignants en butte aux accès de réformite aiguë.