@Milla
Votre
approche policière de la réalité est amusante par son côté paradoxal, mais n’a
au fond que peu d’intérêt.
Cela rappelle
certains discours, sous l’occupation, critiquant les résistants accusés d’être
les alliés objectifs de l’occupant car suscitant la répression.
Ce qui
compte sur le long terme, ce sont les idées, qui comme chacun sait mènent le
monde. Les résistants voulaient libérer le pays de l’occupant, c’est tout ce
que l’on retient. Quelles sont les idées défendues par les deux protagonistes ?
Pour ce qui
concerne Dieudonné, ce n’est pas
limpide. Il est en réaction contre le milieu du showbiz qui l’a exclu. Son
positionnement antisystème vient de là, le showbiz étant perçu par Dieudonné
comme un concentré du système. Ses idées politiques ne sont pas claires du tout,
sinon son goût marqué du business bien en phase avec le système (antisystème ne
suffit pas pour définir une ligne politique).
Pour Soral,
c’est plus clair. Il est l’héritier à la fois d’intellectuels comme Charles Péguy
et d’une droite maurassienne traditionnellement antisémite (cependant, il semble plus proche
de Péguy que de Maurras). Il a adapté leurs discours à notre époque, en y
intégrant le phénomène migratoire (Réconciliation) et les apports de Marx sur la
lutte des classes et l’analyse du capitalisme (Gauche du travail).
Soral tout
comme Dieudonné surfent sur les reculs de notre démocratie et de la liberté d’expression,
sur l’effacement de notre souveraineté, sur les attentas islamistes analysés d’un
point de vue conspirationniste, plus généralement sur l’affaiblissement culturel,
idéologique et économique de notre pays/monde. C’est leur force, mais cela ne
vaut pas adhésion des internautes visionnant le site ER à leurs idéologies, du
moins à celle quelque peu datée de
Soral.
Les jeunes
qui vont sur le site ER cherchent à se distraire (Soral et Dieudonné ont du
talent), à échapper à la pression idéologique des médias (aussi pénible que
celle de l’église catholique deux siècles en arrière), à identifier de nouveaux
repères (ou repaires) idéologiques et
politiques alors même que la puissance de la cybernétique et du business écrasent
et emportent tout le reste (renvoyant les « valeurs » soraliennes ou
autres au rencart), à rire de tout (un peu par désespoir, car l’époque y
incite). Cela ne fait pas d’eux des « soraliens ».