Bon, par où commencer ?
- L’analyse que je fais de la nature humaine me semble incontournable
pour repenser/critiquer le système. À ce moment de l’essai, il me semble beaucoup
trop tôt pour juger que cette analyse fait l’objet d’une "projection
idéologique".
"je dirai qu’il est nécessaire de comprendre les
cultures humaines dans toutes leurs complexités et dans toutes leurs
déviances afin de ne pas générer un système social naïf, défaillant mais aussi
cyniques."
- Oui, je peux l’admettre, mais à la différence des besoins
naturels, les modulations culturelles sont dynamiques et peuvent être modifiées
en cas de besoin (dans une certaine mesure et avec une certaine progressivité).
De plus, il ne me semble pas que le dispositif d’économie politique que je
développerai soit incompatible avec la culture française.
"Ce gouvernement des
passions est fonction des codes socioculturels."
>> Je suis parfaitement d’accord. Mais la matrice de
ces passions, de ces désirs est d’ordre naturel, c’est ce que je qualifie de
besoins originels* ou de conatus.
Pourquoi résistes-tu à différencier un besoin et un désir ? Quelle différence
fais-tu entre ces deux mots ?
*l’adjectif « originel » créé un pléonasme selon la définition que je donne d’un besoin...
Pour que nous nous comprenions :
- Les besoins sont
issus de notre nature (par exemple les besoins physiologiques, de sécurité ou
de confort).
- Les désirs sont
la matérialisation de nos besoins dans un environnement spécifique, notamment
un environnement culturel. (Mon besoin c’est me nourrir, mon environnement
culturel c’est être français, mon désir c’est de manger du Comté >> je
vais donc manger un morceau de Comté pour satisfaire ce désir issu de mon
besoin physiologique et de mon environnement culturel.)
- Les aspirations
sont essentiellement visibles chez les humains. Elles sont issues de nos
besoins originels que l’horizon de pensée humain projette dans une perspective
de moyen ou long terme et transforme en désirs.
Pourquoi attaches-tu tant d’importance à faire de la volonté de puissance une
donnée culturelle quand Nietzsche la désignait comme l’essence de la vie ?
Est-ce parce que cela t’offre une échappatoire vers l’idéal
politique incarné par les communautés primitives ? Imaginer les individus
humains comme un livre vierge prêt à être rempli par des données culturelles
est confortable, mais la nature humaine existe et elle est déterminante.
Si tu le souhaites, je peux rebaptiser les aspirations
issues des besoins de notre condition animale (besoins de physiologiques, de
sécurité et de confort). Mais je trouvais que l’expression volonté de puissance
recouvrait assez bien la réalité des aspirations issues de ces besoins.