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« L’homme nouveau durable... »
En fait, l’« homme nouveau » est l’échec majeur de l’histoire du XXe siècle. C’était le grand rêve des dictatures communistes, fasciste et nazie, héritières du scientisme du siècle précédent.
Or, il n’est advenu nulle part, pas plus en URSS qu’en Chine, au Vietnam ou en Italie, où Mussolini a cru qu’il suffisait de claquer des doigts, à la façon d’un hypnotiseur, pour réveiller le légionnaire impérial qui était censé dormir dans les gènes des habitants de la péninsule.
L’homme nouveau est allé se fracasser contre le mur d’une nature humaine, qu’on ne peut pas modeler à volonté et à coups de grandes envolées lyriques, certes euphorisantes, mais incapables de provoquer les transmutations profondes - et héréditaires ! - conformes aux attentes des docteurs Frankenstein du collectivisme.
Trotski avait bien vu l’obstacle, qui écrivait dans « Littérature et Révolution », chap. VIII, « Art révolutionnaire et art socialiste » :
« L’homme devenu libre cherchera à atteindre un meilleur équilibre dans le
fonctionnement de ses organes et un développement plus harmonieux de
ses tissus ; il tiendra ainsi la peur de la mort dans les limites
d’une réaction rationnelle de l’organisme devant le danger. (…). L’homme s’efforcera de commander à ses
propres sentiments, d’élever ses instincts à la hauteur du conscient et de les
rendre transparents, de diriger sa volonté dans les ténèbres de l’inconscient.
Par là, il se haussera à un niveau plus élevé et créera un type biologique et
social supérieur, un surhomme, si vous voulez. »
On l’attend toujours. Et on l’attendra encore longtemps... En son temps, Schopenhauer (1788-1860) l’avait liquidé en une seule phrase : « L’homme peut certes faire ce qu’il veut, mais il ne peut pas vouloir ce qu’il veut. »