ce néolibéralisme devint insensiblement un
totalitarisme, culturel d’abord (valorisation forcenée de
l’individualisme et du chacun pour soi),
@Jean Pierre
Là, vous poussez trop loin le bouchon. Je comprends parfaitement que vous puissiez vouloir stigmatiser un individualisme forcené qui est prôné par le libéralisme, mais vous ne pourrez jamais dire que c’est un « totalitarisme » puisque l’individu en question, même s’il peut exister un conformisme social qui lui fasse désirer la même chose que son voisin n’en est pas moins libre, au moins théoriquement, de choisir ses désirs.
Dans un système totalitaire, cette liberté n’existe pas dans la réalité, et encore moins au plan théorique. Qu’il s’agisse du communisme, du nazisme ou de l’islam, il faut confesser la doxa imposée par le système, et si vous vous y refusez, il vous en cuira. Le totalitarisme n’est pas seulement un système où le pouvoir, d’en haut, contrôle tout, c’est un type de structure où chacun, horizontalement, est sous la surveillance des autres, où toute déviance doit faire l’objet d’une dénonciation et sera sanctionnée par le groupe avant même l’intervention répressive de l’Etat. Dans la Chine de la Révolution culturelle, l’enfant était programmé pour dénoncer ses parent, cela dût-il leur coûter la vie. Dans nos banlieues, on surveille si les voisins font bien le ramadan, et si les femmes portent le voile, c’est qu’elles ne peuvent plus faire autrement si elles ne tiennent pas à se faire insulter au bas des escaliers. Le totalitarisme, c’est ça, et ce type de système est admirablement décrit dans « Une journée particulière », l’excellent film d’Ettore Scola.
L’ individualisme totalitaire, c’est donc un paradoxe tout à fait insoutenable.