@Chalot
Vous vous êtes fait une
spécialité de la défense de la veuve et de l’orphelin, vous
dénoncez la misère sociale et vous ne manquez jamais de venir
ranimer notre mauvaise conscience de citoyens à l’abri de la faim et
des intempéries. On ne saurait vous le reprocher, tout cela part
d’un bon sentiment, et on aurait presque honte d’exprimer la moindre
critique. Vous êtes ici notre François d’Assise ou notre Vincent de
Paul. J’ai beau être athée, j’ai quand même une certaine estime
pour ces grandes figures du christianisme, même si leur réputation
devenue mythique est à peu près aussi surfaite que celle du lider
maximo récemment parti bouffer -enfin !- les pissenlits par la
racine dans le seul monde où règne sans conteste la plus parfaite
égalité.
Ce qui m’embête un peu c’est que, dans
votre enseigne, vous vous réclamiez de je ne sais quelle laïcité
« révolutionnaire ». La charité n’est pas une invention
laïque, et l’idée que les révolutions puissent être de nature à
résoudre les questions qui vous tracassent est des plus comiques.
Allez raconter ça dans l’autre monde aux quatre ou cinq millions
d’Ukrainiens morts au début des années 30 des suites de
l’holodomor, processus d’extermination par la faim imaginé par le
bon Staline et mis ne œuvre par le cher Nikita, ça les fera
doucement rigoler !
Je n’oublie pas non plus que jusqu’au
début des années 80 la France n’était certes pas le paradis sur
terre, mais on y mangeait à peu près à sa faim. Les socialistes
devaient nous sortir de cette indigne aurea mediocrtitas en
peu d’années, mais après les nationalisations imbéciles du
gouvernement Maurois et le coup de barre très à droite de 83 on vit
surgir tout de suite ce qui ne tarderait pas à s’appeler la
« nouvelle pauvreté ». Les « restos du coeur »
devaient bientôt substituer à une justice sociale défaillante
l’antique charité chrétienne dont vous vous faites désormais, par
une prédication des plus obstinées, l’infatigable héraut.
On pourrait finalement se demander, si
on pouvait douter de la vertu de l’Abbé Pierre et de Mère Thérésa
– mais on n’en doute pas, rassurez vous ! - si vous ne
seriez pas né de leurs amours. En tout cas si l’Eglise, un jour
qu’il faut espérer très lointain, entreprenait un procès en
béatification vous concernant, les jeunes lecteurs d’AgoraVox (moi
qui suis plus vieux que vous, je serai depuis longtemps en enfer !)
pourront témoigner en votre faveur. Si d’ici là vous pouviez
ajouter deux ou trois miracles à vos articles : multiplication
de sandwichs ou café chaud coulant des fontaines publiques au plus
froid de l’hiver, ça ne nuirait pas.