Début novembre 2011, le premier
ministre François Fillon reçoit très discrètement une trentaine
de personnes à l’hôtel Matignon : pendant toute la soirée,
François Fillon et ses invités parlent de l’état de la France.
Ce dîner ne figurait pas à l’agenda
officiel du premier ministre. Normal : ces trente personnes
étaient les habitués du Groupe Bilderberg.
Deux ans plus tard, François Fillon
sera un des rares Français invités à la réunion du Groupe
Bilderberg de juin 2013.
Rappel : le Groupe Bilderberg est
à l’origine de la construction européenne. Le traité de Rome a été
négocié durant les réunions du Groupe Bilderberg en 1954, 1955 et
1956.
« Je pense que vous pourriez
dire, déclara un jour le diplomate américain George McGhee, que le
traité de Rome, qui a créé le Marché commun, a été mûri
pendant ces réunions de Bilderberg et aidé par le flot de nos
discussions »
Source : « L’Europe
sociale n’aura pas lieu », de François
Denord et Antoine Schwartz, édition Raisons d’agir, page 40.
Lisez cet article :
Le dîner ne figure pas à l’agenda
officiel. L’hôte et ses invités tiennent à cette discrétion.
Début novembre 2011, alors que la crise de l’euro est à son comble,
François Fillon prend le temps de recevoir à Matignon un groupe
obscur d’une trentaine de personnes dont les noms sont presque tous
inconnus du grand public, mais pas des initiés.
Ce soir-là, le Premier ministre de
Nicolas Sarkozy planche sur l’état de la France devant les membres
d’un petit club qui ne fait jamais la une des journaux, mais fascine
les obsédés du complot : le Bilderberg. A croire les
« conspirationnistes », ce cercle, fondé en 1954 par un
prince hollandais et un milliardaire américain pour endiguer le
communisme, serait le « vrai gouvernement du monde ». On lui
devrait la victoire de Bill Clinton, la guerre en Irak ou la
nomination de Herman Van Rompuy, président du Conseil européen.
Rien de moins !
Comparés au Bilderberg, d’autres
forums internationaux bien plus célèbres, tels la Trilatérale ou
Davos, auraient autant d’influence qu’une fête de patronage. Les
convives de François Fillon sont tous d’éminents représentants du
gotha politico-financier occidental. Sous les lambris de l’hôtel
Matignon, il y a là, entre autres, le patron de la banque Goldman
Sachs, Peter Sutherland, le big boss de la banque d’affaires Lazard,
Ken Jacobs, l’inspirateur des néoconservateurs américains, Richard
Perle, le grand manitou de Shell, Jorma Ollila, le futur chef du
gouvernement italien, Mario Monti, ou la présidente du Musée d’Art
moderne de New York, Marie- Josée Kravis, par ailleurs épouse du
propriétaire d’un fonds d’investissement américain.
Le grand ordonnateur du dîner n’est
autre qu’Henri de La Croix, comte de Castries, PDG du groupe
d’assurances Axa et premier Français à présider le Bilderberg.
Petit-fils d’un ministre de la IVe République et inspecteur des
Finances, ce pilier de l’establishment français est aussi proche de
Nicolas Sarkozy que de François Hollande, son camarade de la
promotion Voltaire à l’Ena. On l’a compris : à un tel aréopage,
même le chef du gouvernement de la cinquième puissance mondiale ne
peut refuser l’hospitalité. Ce repas est-il pour autant le signe
d’une vaste conspiration ? "Je ne comprends pas l’hystérie
autour du Bilderberg, s’amuse aujourd’hui François Fillon. Je ne
trouve pas qu’il s’y dise des choses si confidentielles..."
Pour la première fois depuis 1954, le
Bilderberg vient de publier sur son site la liste des participants à
sa conférence annuelle qui démarre le 6 juin 2013 dans le
Herfordshire, au nord de Londres. Seront présents notamment
Christine Lagarde, Valérie Pécresse et... François Fillon.
http://tempsreel.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20130606.OBS2308/ces-puissants-et-mysterieux-messieurs-du-cercle-bilderberg.html