« Comment peut-on comprendre comment peut-on expliquer qu’un peuple entier soit à ce point manipulé, son entendement faussé pour aller en masse se recueillir et pleurer sur la dépouille d’un tyran qui les a maintenus pendant des décennies dans la contrainte la misère et le mensonge ? »
Parce qu’il a su, comme bien d’autres dictateurs « populistes » avant lui, exalter l’esprit de fierté nationale, à travers, en particulier, le défi lancé à la plus première puissance mondiale, les Etats-Unis d’Amérique.
Et c’est une baffe de plus aux prétendues Lumières qui avaient, dans la foulée de quelques précurseurs, prêté à l’homme des aspirations qui n’étaient que celles des philosophes eux-mêmes.
Si vous lisez, dans « Nous et l’Occident », d’Alexandre Zinoviev, la perception que la mère de l’auteur avait de Staline, vous comprenez combien nous sommes à côté de la plaque humaine avec notre idéalisation de la liberté, des droits de l’homme et du suffrage universel :
"Ma mère conserva dans son Evangile,
jusqu’à sa mort (en 1969), un portrait de Staline (mort en 1953). Elle a vécu toutes les
horreurs de la collectivisation, de la guerre et des années d’après-guerre.
S’il fallait décrire en détail tout ce qu’elle eut à supporter, les lecteurs
occidentaux ne le croiraient pas. Et malgré tout, elle a conservé un portrait
de Staline. Pourquoi ? (...) à cette époque, le pays connut une promotion sans
précédent dans l’histoire de l’humanité, des millions de personnes quittèrent
les couches inférieures de la société pour devenir contremaîtres, ingénieurs,
instituteurs, médecins, acteurs, officiers, chercheurs, écrivains, etc. Peu
importe de savoir si la Russie aurait connu un phénomène similaire sans le
stalinisme. Pour les acteurs de ce processus, les choses se sont passées au
cours du stalinisme et, leur semblait-il, grâce à lui. Et il est vrai que
c’était grâce à lui, à bien des égards, Ces millions de personnes, qui en
influencèrent des millions d’autres, furent précisément l’assise et la force de
frappe du stalinisme."