Comme à l’accoutumé, le bon élève de la rue d’Ulm choisit une formulation ronflante pour dresser un parallèle des plus scolaires entre les deux faces du Janus des Caraïbes : « Fidel Castro, flamme et cendres ». La flamme, c’est à la fois le « vibrato d’un moment de fraternité » provoqué chez les petits bourgeois intellectuels des années 60 par la geste des guérilleros de la Sierra Maestra, et celle éprouvée pour le dirigeant cubain qui l’incarnait. Un dirigeant que Debray, « insoucieux de la situation intérieure », avoue t-il, voyait non comme un « chef d’État », mais comme « l’inlassable animateur des résistances nationales au-dehors ». Les cendres, ce sont celles des idéaux révolutionnaires consumés, qui, aux yeux de Debray pour la raison indiquée, n’étaient qu’à usage externe, mêlées à celles de Castro que l’on venait d’incinérer. Lequel, suppute Debray, n’aimait peut-être pas vraiment en fin de compte « le régime dont il était la tête ». Ce qui le conduit à enfoncer une porte ouverte depuis des lustres en guise de conclusion : « nul ne règne innocemment ». Bref, Fidel est coupable de double jeu, mais c’est la destinée de tous « les grands seigneurs de la profession » avec lesquels Debray n’a cessé de frayer pour les faire bénéficier de ses avis éclairés.
Autre transfuge de haute volée, Bernard Kouchner, dans Le Point, accuse Fidel de toutes les vilenies, y compris d’avoir débauché sa compagne d’alors, militante comme lui de l’Union des Étudiants Communistes, lors d’un voyage — payés par le « régime » — à Cuba. Il est vrai que le promoteur du « droit d’ingérence », ami du mafieux et criminel de guerre devenu Premier ministre du Kosovo Hashim Thaçi, n’est plus à un racontar près, lui qui niait effrontément, alors qu’il officiait au Quai d’Orsay dans un gouvernement Fillon, la culpabilité du chef de l’UCK dans le trafic d’organes prélevés sur les prisonniers serbes assassinés après leur capture.
On pourrait facilement allonger la liste. D’autant que ce que l’on a pu entendre à radio et à la télévision sur les chaînes publiques ou privées était à l’unisson. Pour un peu, on aurait cru avoir la version française ce que était simultanément diffusé depuis Miami !
Au milieu de ce fatras d’éructations haineuses, il m’aurait été difficile voire impossible de décider à qui décerner la palme de la désinformation et propagande contre-révolutionnaire, si Michel Onfray ne m’avait facilité la tâche. Du philosophe « socialiste libertaire » autoproclamé, on pouvait attendre le pire. Or, il me faut avouer que je n’ai pas été déçu. La place manque pour reproduire dans son intégralité un réquisitoire sans appel énoncé avec suffisance et d’une sottise achevée, qui devrait faire pâlir d’envie BHL. Mais la video postée sur le site du Point peut y suppléer, d’autant qu’elle a été immédiatement répercutée par des sites réactionnaires (Atlantico) ou carrément fachos (Égalité et Réconciliation) dont les animateurs ont bien senti que cet imposteur qui se réclame de l’émancipation était finalement des leurs.
12/12 22:35 - Doume65
@Aristoto « [...] « Je n’ai pas de goût pour les dictateurs. Un dictateur est un (...)
12/12 15:28 - zygzornifle
Sur la photo j’ai cru qu’elle posait devant la courbe du chômage, mais non on (...)
12/12 02:42 - ung do
@S. Rakoto , vous avez l’indignation sélective ou ignorante : D’après le Canard (...)
11/12 11:57 - Dom66
11/12 11:54 - Dom66
11/12 09:41 - Laulau
Il y a bien des prisonniers politiques à Cuba, ils sont à l’isolement dans un camp, pour (...)
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