Un élément plus concret que ce discours théorique explique les
mésaventures de Strauss-Kahn : le
projet Zhou.
En 2009, le gouverneur de la Banque centrale chinoise
Zhou Xiaochuan a remis en cause la prédominance du dollar comme monnaie de
réserve depuis la fin de la seconde guerre mondiale (alors que Keynes proposait
un régulateur neutre : le bancor), et il a proposé d’utiliser les droits
de tirage spéciaux du FMI pour jouer ce rôle.
Dans un premier temps, les États-Unis ont accepté un triplement des ressources du FMI et
l’émission de Droits de tirages spéciaux (DTS) d’une valeur de 250 milliards de
dollars, lors du sommet du G20 à Londres, le 2 avril 2009. Ils ont aussi accepté
le principe d’un Conseil de stabilité financière.
Cette idée a été discutée au sommet du G8 à L’Aquila
(Italie), le 8 juillet 2009. La Russie a alors proposé de ne pas se contenter
d’une monnaie virtuelle, mais de l’éditer. Dmitry Medevedev avait même fait frapper symboliquement des
prototypes de cette monnaie et en a posé quelques pièces sur la table. (lien)
Le projet a été soumis aux experts de l’ONU. Leur
rapport a été étudié le 25 avril 2010 lors d’une réunion jointe du FMI et de la
Banque mondiale.
Le processus devait aboutir le 26 mai 2011, au sommet
du G8 à Deauville. Le dollar aurait cessé d’être la monnaie de référence sur
fond d’imminente cessation de paiement du gouvernement fédéral des États-Unis.
Washington aurait dû alors renoncer au financement de sa puissance militaire
par la dette pour se consacrer à sa restructuration interne.
L’avion dans lequel était assis Strauss-Kahn quand il
a été arrêté devait le conduire à ce sommet.
On connait la suite.