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Commentaire de Christian Labrune

sur Sur la Syrie, la France est en état d'extinction cérébrale


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Christian Labrune Christian Labrune 17 décembre 2016 11:15

@Lucide
Ce qui serait très instructif, si j’en avais le temps, ce serait de comparer ce qui s’écrit ici à propos d’Alep avec ce qu’on pouvait lire sur AgoraVox au début de l’été 2014 à propos de Gaza.
Une pluie de missiles Qassam était tombée plusieurs jours durant sur les villes de Sdérot et d’Asshkelon et sur les kibboutzim du sud d’Israêl sans réaction militaire notable des agressés. Il fallut bien quand même intervenir : ça ne pouvait plus durer.
Les Russes et leurs alliés iraniens en Syrie peuvent-ils considérer qu’ils sont directement agressés par la population d’Alep ? Combien de roquettes auront frappé l’Iran ou le territoire de Poutine ? Leurs intérêts économiques et stratégiques seuls sont agressés : les Russes ont besoin de leur base de Tartous, et l’Iran fait cause commune depuis longtemps avec les Alaouites de Bachar el Assad.
Il n’y a donc aucune comparaison possible entre les deux conflits. D’un côté (à Gaza) on n’hésitait pas à renverser les rôles : l’agressé devenait allègrement l’agresseur, et on n’hésitait pas à nous montrer complaisamment les images bien saignantes fabriquées par Pallywood et obtenues en se servant des femmes et des enfants comme de boucliers humains, et de l’autre, on en vient à faire prévaloir sans aucun état d’âme les intérêts stratégiques des Russes sur la vie de populations civiles bombardées, lesquelles comptent pour du beurre et passeront par pertes et profits.
Ce sont évidemment les mêmes intervenants qui, il y a plus de deux ans, jouaient à fond la carte de la sensiblerie médiatique, exhibant des images de récupération dont la provenance était souvent discutable, et qui viennent nous tenir ici aujourd’hui le discours du réalisme stratégique le plus glacial, au nom d’intérêts qui ne ne sont même pas les leurs. Simple fascination qu’il faudrait quand même interroger, suscitée par la montée du césarisme poutinien.

Je ne me suis jamais fait d’illusions sur l’opposition au régime d’el Assad : elle était de fait noyautée dès le début par les islamistes et il était absurde de soutenir comme l’aura fait la France les héritiers idéologiques d’al Qaïda. C’est bien triste à dire, mais une dictature qui contrôle les islamistes, vaut peut-être mieux dans ces régions (on le voit en Egypte) qu’un pouvoir fanatique désireux d’abord d’exterminer les minorités. Il aurait fallu l’admettre un peu plus tôt à propos de la Syrie, sans avoir pour autant l’indécence d’applaudir.
Croire que la prise d’Alep puisse être le retour à une situation qui serait de nature à satisfaire nos exigences morales et politiques de citoyens des démocraties européennes, voir comme beaucoup sur ce site dans Bachar el-Assad une sorte de bon roi Henri IV restaurant la paix sociale après les guerres civiles du XVIe siècle, c’est vraiment se mettre le doigt dans l’oeil jusqu’au coude.

 


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