J’ai l’impression que vous êtes passés à coté de tout le principe du logiciel libre, probablement à cause de préjugés totalement compréhensibles mais de préjugés tout de même. Je pense que l’exemple vaut mieux que la profession de foi (votre article manque un peu de concrêt). Juste en dessous du cadre dans lequel je tape ce commentaire je lis :
« »« agoravox utilise les technologies du logiciel libre : spip, apache, linux, php, mysql, dew player »« »
Quand je compare avec votre conclusion je me dis qu’il y a forcément une erreur. 100% libre ? les logiciels utilisés par Agoravox le sont. 100% utile ? n’allons pas dire que l’outil et le site que vous avez choisi pour publier ne sont pas utiles, ce serait se tirer une balle dans le pied. 100% utilisable alors ? même pas, visiblement c’est utilisable à un point que le couple Linux/Apache/PHP utilisé ici l’est aussi sur la moitié des serveurs Web mondiaux.
Maintenant qu’il est évident que vous vous êtes trompés quelque part on peut tenter de chercher où.
- Dès le début on parle de domaine public. Le logiciel libre n’est *pas* le domaine public. Il s’agit au contraire le plus souvent d’une application très direct du copyright et des droits d’auteurs. Ce qui me gêne beaucoup c’est qu’on parle de ce sujet dans n’importe quelle introduction au logiciel libre et que ça montre qu’au mieux vous écrivez sans vous documenter. Alors pour correction, un logiciel du domaine public appartient à la grande famille des logiciels libres. L’inverse n’est pas forcément vrai (il l’est même assez rarement).
- Dans la même phrase une affirmation ferait sauter au plafond pas mal de ces développeurs de logiciel libre. Alors corrigeons tout de suite : non, rien n’oblige un développeur à reverser ses modifications dans le domaine public, ni nul par ailleurs. D’ailleurs la définition même de logiciel libre interdit une telle contrainte. Si votre logiciel vous impose ça, ce n’est pas un logiciel libre.
- Continuons quand même, bien que dès l’introduction on se rend compte que ce dont vous parlez ce n’est pas du logiciel libre mais de l’idée que vous vous faites des logiciels gratuits. Voilà, que désormais la licence (comme s’il n’y en avait qu’une) interdit de faire du logiciel propriétaire. Si on met à part la contradiction du paragraphe qui dit une fois qu’il s’agit de domaine public et une fois qu’il y a une licence contraignante, je peux tout à fait vous rassurer. Certes certaines licences libres ont clause de ce style, mais elle n’est pas liée au logiciel libre. Parmi les logiciels cités en bas de cette page, la moitié n’ont pas cette clause dite « copyleft ». Apache et PHP par exemple peuvent tout à fait être fondus dans une application propriétaire.
Vient ensuite la première, la vrai, la bonne question : pourquoi est-ce que quelqu’un mettrait à disposition ainsi son travail ? Il y a trois réponses majeures et étonnamment vous n’en soulevez aucune avec sérieux.
- Oui, il y a le don, l’œuvre charitable. Si je construis un pont au dessus de la rivière je vais certainement autoriser mon voisin à l’emprunter. Ca ne me coûte rien et ça contribue au bien-être de tout le monde. Oui, même si j’ai passé trois semaines à travailler dessus. Pourquoi en serait-il différemment avec le logiciel ? La culture, l’outil, la connaissance, il reste heureusement des gens pour croire que cela peut profiter à tous. Ce qui est étonnant c’est que ce soit à un militant écologiste qu’il faille expliquer que oui, certaines personnes tentent de collaborer à un monde meilleur et pas seulement à leur portefeuille. Militez écologie uniquement pour vous remplir les poches ? non ? pourquoi insinuer alors que les informaticiens ne puissent pas aussi faire des choses en dehors de leur compte en banque ?
- Maintenant comme vous le dites, tout le monde ne veut pas que donner. Et là il y a un principe énorme à coté duquel vous passez. Pourquoi la rémunération est-elle forcément en monnaie sonnante et trébuchante ? Quand vous prêtez du sel à votre voisine vous attendez un retour, ça peut être un sourire ou qu’elle vous prête du poivre le lendemain. Ici aussi. On parle de biens immatériels, on pourrait parler d’idées. Une idée ça se copie, ça se transmet, sans que l’auteur ne perde rien de son idée de départ. Mieux, ça l’enrichit. Si vous et moi on arrive chacun avec une idée, on la donne, le soir on pourra repartir chacun avec deux idées. Chacun de nous s’est enrichit. Maintenant multipliez ça par 1000 ou 100000 personnes. J’apporte peu mais ce que je récupère est immense. Le logiciel libre c’est ça. Le logiciel dans lequel je tape ce texte est un logiciel libre, le navigateur avec lequel j’envoi le texte aussi, ainsi que vos propres logiciels pour ce site, on l’a déjà vu. Tous fonctionnent avec ce principe d’enrichissement sans perte.
- Mais que cela ne tienne, vous voulez de la monnaie parlons monnaie. Oui, un logiciel libre peut être vendu. Un logiciel est libre parce qu’on choisit de ne pas enfermer l’utilisateur dans des conditions inacceptables, pas parce qu’il est gratuit. Certains logiciels libres actuels le sont parce qu’ils ont été payés au départ. D’autres le sont parce que ça permet de montrer un savoir faire et générer des ventes de service. Oui, certains vivent du logiciel libre, et je ne parle pas là comme vous d’une version démo libre avec une version propriétaire complète et payante à coté, je parle bien de vivre avec le libre.
Je peux comprendre que vous n’adhéreriez pas à ces trois points. Mais ce qui sort de votre discours c’est que vous êtes simplement passé à coté, en restant sur vos préjugés. Par là suit le reste, qui diverge encore plus de ce qu’il se passe dans les logiciels libres.
Vous révélez alors que la majorité des développeurs du libre ont un salaire pour leurs contributions. Et là ça vous semble une grande arnaque alors qu’en fait ça remet en cause justement ce que vous dites au dessus. Oui certains sont payés, et alors ? tant mieux non ? Cela ne contredit en rien le libre lui même. Le fait que l’auteur soit payé ne vient pas en contradiction avec le fait que le logiciel soit libre. L’inventeur de la notion de logiciel libre a même commencé en vendant son logiciel. Si cela vous semble une grande révélation c’est que vous vous méprenez encore sur ce qu’est le logiciel libre. A croire que c’est un logiciel gratuit du domaine public vous enchaînez forcément les mauvaises conclusions.
L’idée qui suit m’interpelle encore plus. Oui, grand complot mondial, les logiciels libres ne sont que des petites versions non utilisables et il va falloir passer à la caisse pour payer la version complète, non libre. On voit encore votre historique, à confondre libre et gratuit. Pouvez vous me dire exactement où se trouve la version « complète » des logiciels libres utilisés par Agoravox ? il n’y en a simplement pas. Oh, certains ont effectivement une version payante mais oh grossière arnaque, le logiciel payé est en fait le même, à l’octet près. Et ça dure depuis plus d’une dizaine d’année... Pire, certains logiciels ont tendance à s’imposer justement parce qu’ils sont plus utilisables que leurs concurrents propriétaires. Comment diable les commerciaux vont-ils arriver à faire payer ces « versions complètes » qui visiblement tardent à venir.
Je laisse la suite pour passer dans les commentaires. Vous vous interrogez sur le raz de marée qui n’a pas eu lieu ? Allons, regardez une nouvelle fois en bas de cette page pour voir réellement ce que vous utilisez. Nommez moi un logiciel non libre présent sur votre serveur. Pas de raz de marée, vous êtes sûr ? Parlons alors de logiciels plus classiques, pour monsieur tout le monde. Allons dans notre supermarché et regardons, on commence à voir des OpenOffice sur certains postes à la place des MS Office. Le navigateur libre firefox tire gentiment entre 10 et 20% de part de marché. Et les logiciels qui servent au très fameux P2P qui doit être présent chez un jeune sur deux : du logiciel libre encore (même si personnellement ce n’est pas forcément l’utilisation la plus en accord avec mes principes). Pire, quand je regarde, le driver de mon imprimante utilise Apache pour son interface utilisateur. On tourne ailleurs alors ? certains PDA, les assistants personnels sont sous Linux. Mon magnétoscope ? sous Linux. Mon petit routeur personnel pour mettre en réseau mon PC et celui de ma femme ? sous linux. Mon modem ADSL ? mon prestataire Internet a en fait masqué OS Linux dans cette petite boite noire.
Le raz de marée n’est pas là, vous avez raison. C’est venu calmement sans que personne ne s’en rende compte, mais vous êtes déjà inondés, vous êtes sous l’eau là. Des logiciels libres il y en a plein autour de vous. Vous pouvez nier si vous voulez que ce soit une bonne chose. Vous pouvez faire des prédictions sur l’avenir avec votre tarot ou votre café. Mais quand vous dites que le logiciel libre utilisable et utile n’est pas là, vous commencez à vous planter trop sérieusement pour que ça ne se voit pas.
Je ne crois pas à la mauvaise foi, je suis un grand naif idéaliste, je suis certains que vous êtes simplement à coté de la plaque par manque d’information. Renseignez vous, parlez, tentez de demander aux gens du logiciel libre comment ça se passe. Je ne dis pas que vous changerez d’avis, chacun a le sien, mais au moins vous pourrez en parler avec sérieux sans faire deux contre-vérités à chaque phrase.
04/10 16:45 - tulle2008
Bonjour, Je m’aperçois à l’instant que cet article qu’on vient de me (...)
03/06 09:42 - DevNull
Je n’aime pas que l’on critique le Libre avec une argumentation subjective. Déjà (...)
26/05 22:02 - hans lefebvre
Aller cher Méric, je vais me permettre d’en remettre une "petite couche", après (...)
11/05 19:18 - Terminatux
Soit pour OpenOffice je convient qu’il ressemble aux autres suites bureautiques (...)
10/05 15:37 - Terminatux
Sans le logiciel libre et le libre en général tu ne pourrais jamais poster de message sur (...)
10/05 15:24 - Terminatux
Ils ne sont pas 100 à être payés pour travailler sur le noyau de GNU/Linux mais par 1000 (...)
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