@manu
Un peu de Nietzsche sur les chinois bouddhistes alors ... (du Marx des civilisations du tps immobile, et Nietzsche n’a pas lu Marx ...)
« Les mécontents faibles et en quelque sorte féminins sont les plus inventifs à rendre la vie plus belle et plus profonde ; les mécontents forts - les hommes parmi les mécontents, pour rester dans l’image - sont les plus inventifs à améliorer et à étayer la vie. Les premiers montrent leur faiblesse et leur féminité en ceci qu’ ils aiment à se laisser tromper, de temps en temps, et qu’ils se contentent parfois d’un peu d’ivresse et d’enthousiasme, mais qu’en général on ne peut pas les satisfaire et qu’ils souffrent de l’incurabilité de leur mécontentement ; de plus ils encouragent tous ceux qui savent créer des consolations opiatives et narcotiques et en veulent, à cause de cela, à ceux qui placent le médecin plus haut que le pasteur, - c’est ainsi qu’ils entretiennent la continuité des détresses véritables ! S’il n’y avait pas eu en Europe, depuis l’époque du Moyen Age, un grand nombre de mécontents de cette espèce, la célèbre faculté européenne d’évolution continuelle ne se serait peut-être pas du tout formée : car les prétentions des mécontents forts sont trop grossières et en somme trop modestes pour que l’on n’arrive pas à les faire se tenir tranquilles. La Chine donne l’exemple d’un pays où le mécontentement en grand et la faculté d’évolution ont disparu depuis plusieurs siècles [19e] ; les socialistes et les idolâtres de l’Etat en Europe, avec leurs mesures pour l’amélioration et la sécurité de la vie [revenu universel], pourraient facilement amener l’Europe à des conditions chinoises et à un « bonheur » chinois [opium], à condition qu’ils puissent extirper d’abord ce mécontentement et ce romantisme maladifs [logos critique], tendres et féminins qui, pour le moment, existent encore en abondance. » Nietzsche, le Gai Savoir