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Commentaire de velosolex

sur Les valises d'Obama


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velosolex velosolex 16 janvier 2017 14:31

@ZEN

Je fais toujours plus ou moins un journal des événements. Surtout en voyage, toujours un euphorisant. A l’automne 2008 nous sommes descendus en voiture en italie, et je suivais sur fond de crise économique, dans la stampa, l’arrivée du nouvel espoir, avec un peu d’appréhension. Et si les démons revenaient ?

C’était comme une rediffusion, mais avec des sous-titres en italien, prouvant un peu plus que c’était une comédie, avec happy end assuré. Un truc facile à piger : Le bien, le mal ! L’ancien du Vietnam bombant le torse, exhibant ses blessures, et levant les deux poings en l’air ! Le fils d’esclave qui séduisait même les filles blondes du Texas ! On connaissait l’histoire à venir par cœur, et on avait peur !

Mais il n’y avait aucune raison que cela se termine mal !

Le visage bleuté et souriant de Barak, se réfléchissant sur la fenêtre à double vitrage, redonnait un peu de chaleur à notre chambre d’hôtel minable. Ce dessus de lit rouge, assorti à la lampe de chevet, devait nous faire ressembler à un de ces couples fatigués que l’on voit dans les tableaux de Hoopper.


On ne s’était pas rendu compte à quel point Barak faisait partie maintenant de la famille, avant de le revoir, là, perdu avec nous, entre voie ferrée et autoroute. Après toutes ces complications, les péages, et les bifurcations, ça faisait du bien de se détendre en retrouvant notre héros.

Le pauvre avait un planning d’enfer. Derniers meetings, derniers réglages ! Il fallait surtout qu’il s’alimente bien : Une banane, un jus d’orange au réveil comme nous le faisions nous-mêmes. Ca n’a l’air de rien, mais l’énergie vient autant de l’estomac que du cœur ! Je lui fis un petit signe de la main, il nous repéra aussitôt. Il avait cinq minutes, il voulait bien descendre de la télé pour parler un peu avec nous. Il défit sa veste, dénoua sa cravate, retroussa les manches de sa chemise, et s’assit naturel sur le lit. Très simple, le gars ! Comme vous et moi ! Quel dommage de n’avoir rien d’autre qu’un vin mousseux merdique arraché au petit frigo à lui offrir ! Les dernières images que nous venions de voir sur la RAI n’étaient tout de même pas très rassurantes. Deux jeunes néo-nazis, voulant lui faire la peau venaient d’être coincé par la police ; Ils avaient prévu de foncer sur lui au volant de leur bagnole comme dans un mauvais thriller, après avoir tué 88 noirs et décapité 14 autres ! « Nous devons protéger l’avenir de la race et l’avenir des enfants blancs ! » Assuraient-ils.

Je leur aurais bien conseillé un bon laxatif de la pensée.

Barak ne disait rien, et se contentait de sourire, l’air sûr de lui, comme un de ces sprinters aux longues jambes prenant appui dans leurs startings blocks, fermé sur leur univers mental, et n’entendant pas être dérangé par le cri de quelques énergumènes.

Les hurlements de la foule, et les sirènes hurlantes des voitures de police me sifflaient encore dans les oreilles, quand Barak repartit comme il était venu, d’un mouvement souple et ondulant, enjambant les parois de cette télé minuscule qui ressemblait à une maison de poupée. J’essayais en vain de le rappeler ; il avait oublié sur le lit la chemise porte-bonheur que je venais de sortir de ma valise !

C’était trop con ! J’espérais simplement que le sort du monde n’en serait pas affecté !

Que vienne l’antéchrist, et la chienlit, mais tout de même pas avant la fin de nos vacances !


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