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Commentaire de velosolex

sur Davos...


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velosolex velosolex 19 janvier 2017 00:44

Je préférais Davos première version, déjà un balcon sur le monde, mais romanesque et philosophique. C’est dans le cadre de Davos que se passe ce livre étrange, très long, un de ceux qui m’a sans doute le plus marqué : « La montagne magique », de Thomas Mann. 

Juste deux ou trois ans avant la guerre de 14, Hans Kasper (je crois de mémoire) élève officier vient rendre visite à son cousin tuberculeux, dans ce sana bourgeois perdu au milieu des montagnes. Pour quelques jours pense t’il et il va y rester deux ou trois ans. Mais le temps n’a plus d’importance quand on est malade et qu’un écrin virtuel vous met en marge de la société, dans ce décor douillet, où même la mort est anesthésiée, avec ces cinq repas que l’on vous sert par jour, et où la belle Claudia Chauchot, envoie ses radios pulmonaires à Hans comme s’il s’agissait de photos intimes. 
Le cousin finira par mourir et bien d’autres ,entre deux chapitres où deux philosophes, adversaires d’opinions et de sensibilités opposés, serviront de mentors au jeune homme. Il y a des passages étranges et visionnaire, d’une sensibilité exacerbée, propre à la maladie ; et l’on frisonne parfois d’effroi, quand le récit se fait visionnaire des temps et des menaces futures, sur fond de tempète de neige, avec ce pauvre skieur ayant perdu sa trace.
Mais le temps n’avance pas à Davos, dans cette ambiance surréaliste, où l’on ne sait pas si l’on est anesthésié par l’air trop pur, son manque d’oxygène personnel, ou les gaz hilarants que prodiguent les brillants doktors, entre deux pneumotorax. « Alors jeune homme, vous avez une petite mine !...On va s’occuper de vous !..Avez vous seulement bien suivi le régime prescrit ? »
Finalement rien de changé à Davos, depuis Thomas Mann. Ce n’est plus le jeune Hans qui est malade, mais le monde, hors bien sûr les doktors, qui savent néanmoins vous remettre sur pied, et même quand vous êtes mort, font un compliment à la famille, disent que vous avez été un bon malade, quoique parfois un peu « rebelle »
Et ceci explique implicitement cela. Dans les dernières pages on apprend que la guerre arrive, et que le jeune Hans est définitivement guéri, sur le front et fier d’y être, exalté par ce grand courant de renouvellement propre à la guerre. Et oui, on oublie que beaucoup d’intellectuels des deux cotés du Rhin s’égarèrent autant que les militaires, dans l’exaltation de la nation, et des solutions faciles. 
IL va falloir nous trouver des solutions pour sortir de Davos autre que la guerre et le nationalisme. 

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